La Princesse de Beira et la police autrichienne

LA PRINCESSE DE BEIRA ET LA POLICE AUTRICHIENNE 44

Chancelier d'Autriche avait formulé sur son compte deux ans auparavan. Passant par Salzbourg en route pour Munich, au mois de juillet 1837, le prince de Metternich raconte en ces termes à sa femme la visite qu’il rendit, le 8 juillet, à la princesse de Beïra :

« Je l’ai trouvée très aimable. Elle ressemble à son frére Don Miguel « et cause très bien. Alcudia était enchanté et je suis resté plus de deux « heures avec la princesse, son fils aîné, sa belle-fille et Alcudia. J'ai « fait durant mon long entretien bien des réflexions sur le sort de « l’élégante Espagnole. Les pauvres gens sont établis comme des pau« vres dans toute la force du terme. Rien ne ressemble moins à une « Cour. L’antichambre est remplie de figures comme on n’en rencontre « que dans les bois ». (METTERNICH. Mémoires, t. VI, 203-204).

Metternich ne s’en était pas tenu là. Le lendemain, il reparlaït avec encore plus d'enthousiasme à sa femme de celle qu’il appelait «l’élégante Espagnole ».

« La Cour espagnole a dîné hier au Palais, écrit-il le 10 juillet. La princesse de Beïra a bien de l'esprit, de cet esprit qui sait se faire valoir en restant toujours dans le vraï, sans aucune exagération ».

Le Chancelier d'Autriche s’exagérait, tout me porte à le croire, les mérites qu’il prêtait à la princesse, à laquelle assurément le calme et la pondération faisaient absolument défaut. Aussi, quoique bien moins flatteur, le portrait que le comte de Sambuy trace d’elle en quelques mots, dans sa dépêche du 25 novembre 1839, me paraît-il plus ressemblant. « L'esprit d’intrigue et l’activité excessive de la princesse de Beïra, « qui la porte à vouloir toujours agir et qui a été la cause de la perte « de Don Carlos, est encore ce qui l’a poussée à demander à aller à « Lausanne et à Rome, projet presque aussitôt abandonné que concu ».

Si malgré toutes mes recherches il ne m’a pas été possible de relever la date exacte de l'évasion de la princesse de Beïra, j'ai eu du moins la bonne fortune de trouver dans la correspondance de Bellocq, le récit d’un incident aussi singulier qu'énigmatique et qui pourrait bien se rattacher aux faits et gestes de la deuxième femme de Don Carlos et aux derniers préparatifs de son évasion.

« Toute la famille ducale de Modène est partie le 26, lit-on dans une « dépêche de Florence, en date du 28 août 1838 (1). On raconte qu'aux « approches du premier relai, le convoi fit la rencontre d’une chaise de « poste escortée par un brigadier de dragons. Ce militaire fit signe

(1) Toscane. Volume 174, folio 58. Bellocq au comte Molé, N° 290.