La Princesse de Beira et la police autrichienne

LA PRINCESSE DE BEÏIRA ET LA POLICE AUTRICHIENNE 3

Paris au mois de Décembre de cette même année, quelques paragraphes qui mettent en pleine lumière les causes — politiques et privées — du soin avec lequel la princesse prépara et du mystère dont élle s’appliqua à entourer son départ de Salzbourg.

« J'ai dû, mandaït de Rome le 11 novembre 4837 de Lurde (1) au com« te Molé, m'occuper du projet de mariage de don Carlos avec la princes« se de Beïra;projet que les partisans de ce prince affectent de ne plus mettre en doute,et j'ai demandé à Monseigneur Capaccini (2), quelques « explications positives à ce sujet. Cette affaire lui était totalement in« connue et sur mes instances il-s’est décidé à en parler au Pape hier. « Après avoir demandé à Sa Sainteté si, pendant son absence, des dis« penses avaient été accordées,le Pape lui a répondu avec un mécontentement très marqué : « Si ce mariage doit s’effectuer;le prince obtiendra toutes les dispenses nécessaires, mais nous ne désirons pas « qu'on nous entretienne une seconde fois de cette affaire ».

« Cette réponse est loin d’être satisfaisante et je ne serais pas éton« né que les dispenses eussent déjà été accordées. J'aurai soin de ne rien négliger pour m’assurer de ce qui aura été fait dans cette affaire « d’une nature si délicate ».

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Huit jours plus tard, (3).de Lurde, qui avait été dans l'intervalle frapper à une autre porte, revient encore sur ce sujet :

« J'ai entretenu le cardinal Lambruschini (4) des dispenses accor« dées,dit-on,à don Carlos. Toutes mes instances à ce sujet n’ont pu-ob« tenir de Son Eminence d’autre réponse que celle-ci: « Jene suis « pour rien dans cette affaire ; elle m’est totalement inconnue ».

(1) Rome, Volume 979, folio 257, de Lurde au comte Molé, Direction Politique, n° 34 Rome, 11 novembre 1837.

LURDE (Alexandre, Louis, comte de), né à Paris le 20 octobre 1800, entré à l’âge de dix-neuf ans au Cabinet du Ministre des Affaires Etrangères, fut successivement envoyé comme Secrétaire à Rio de Janeiro (26 avril 1830) où il passa 2° Secrétaire en Janvier 1831 à Lisbonne (10 octobre 1831), à Rome où il fut promu 1° secrétaire (octobre 1838) et à Constantinople (4 mars 1839). Nommé en décembre 1841 ministre plénipotentiaire à Büen0s-Aires, il passa. en 1848.à la Haye et en 1849 à Berlin. Rappelé après quelques mois d° séjour, en novembre 1849, il quitta à ce moment le service et mourut en 1872.

(2) Capaccinr (Francesco) (1784-1845) ordonné prêtre en 1807, s’'adonna aux études de physique et d'astronomie et fut appelé pour cette raison à diriger, de 1811 à 1815 l'Observatoire de Naples. En 1824, Léon XII l’attacha au secrétariat des Brefs. En 1826,on l'envoie en Hollande et on l’adjoint au cardinal Capellari chargé d'y négocier un Concordat.. Nonce à la Haye en 1828, il fut appelé par Grégoire XVI à la Secrétairerie d'Etat en qualité de sous-secrétaire. De juin à septembre 1837, il remplit à Vienne et à Berlin une mission secrète tendant à régler la question de l'évacuation des Légations par les troupes autrichiennes et à terminer l'affaire de l'Archeyêque de Cologne. Envoyé de nouveau. en mission en Hollande en 1841, Internonce et Légat Apostolique à Lisbonne en 1842, créé cardinal « in pectore » en juillet 1844, sa nomination ne fut promulguée que Ile 21 avril 1845, peu de mois avant sa mort. Homme d'Etat et Diplomate de premier ordre, ‘désigné pour recueillir la succession du Cardinal Lambruschini au Secrétariat d'Etat, l’envieetles menées de ses ennemis l'emportèrent surises mérites et réussirent a l'éloigner de Ro me et à l'envoyer à Lisbonne.

(3) Rome, Volume 979, f.260, de Eurde au comte Molé. Direction: Politique n° 35. Rome, 18 novembre 1837. ;

(4) Le cardinal Lambruschini était le Serétaire d'Etat de Grégoire XVI.