La question de l'Adriatique
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sincère? Le peuple italien sait mieux que tout autre de quel poids pèse sur les destinées d'un pays le besoin de conquérir des frontières géographiques qui sont aussi des frontières ethniques. Et peut-on penser que l'irrédentisme slave qu'une politique trop ombrageuse aurait créé ne serait pas aussi obstiné, aussi ardent, aussi victorieux que l’irrédentisme italien? Les troubles et les manifestations qui se sont déjà produits, dit-on, en Croatie et en Dalmatie à l’annonce des projets et des exigences de l'Italie répondent par avance à cette question. S'ils détestent l'Autriche, dont le joug a été si lourd pour eux, les Yougo-Slaves opposeraient à une domination italienne une résistance plus profonde encore, et ils engageraient contre elle une lutte à mort. C'est ce que déclarait l'un d'eux, M. Soupilo, à la MVovoié Vrémia. Ces mêmes populations qui, aujourd'hui, accompagnent de leurs vœux les armées de la Triple-Entente et qui attendent d'elles leur délivrance, oublieraient toutes leurs souffrances d’hier s’il s'agissait de sauver la Dalmatie de la conquête italienne, et l'Autriche n’aurait point sous ses drapeaux de soldats plus enthousiastes et plus convaincus (1).
(4) M. Watson expliquait récemment dans le Times que si la