La question du sel pendant la Révolution
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son arrêté du 17 juin et son décret du 10 août‘ seraient exécutés selon leur forme et teneur, et les confirmant, ordonne de plus fort que toutes les perceptions de revenus seront constituées en la manière accoutumée jusqu’à ce qu’il ait été pourvu par l’Assemblée à l'établissement d’un nouvel et meilleur ordre d'imposition, et que les milices nationales, les maréchaussées et les troupes seront tenues de prêter main forte contre la violation des propriétés publiques et nationales, comme contre celle des propriétés particulières, toutes les fois qu’elles en seront requises par les officiers municipaux ou les magistrats civils ».
Cette proposition semble avoir passé inaperçue ; en tout cas, nulle décision n’a été prise à son égard.
Le 23 août un nouveau mouvement éclate à Versailles. Lorsque, ce jour, l’assemblée municipale de cette ville se réunit en séance générale, « M. Duriez, débitant de sel, vient faire part à l'assemblée que dans ce moment la population s’attroupe à sa porte et exige le sel à sept sols la livre?.
Les avertissements paisibles n'avaient pas d'avantage manqué à l’Assemblée nationale; témoin, une requête de la ville d'Houdan, (dans le Mantais) qui avait demandé, dès le 28 juillet, une diminution sur le prix du sel, demande qui avait été renvoyée au moment où l’on s'occuperait de la gabelle ?.
Enfin le 27 août, Necker lui-même dut avouer la faillite de sa politique de temporisation. Voici ce que dans son Mémoire à l’Assemblée nationale, il dit à propos du sel *:
« Je dois, en rappelant les désordres multipliés dont vous avez connaissance, fixer votre principale attention sur l'impôt du sel : il n’y a pas un moment à perdre pour prendre à cet égard une délibération provisoire. La contrebande dans plusieurs provinces,
1 Décret sur le maintien de la tranquilité publique.
? Archives de la Ville de Versailles, Assemblée municipale. Série D 1. Registre 1°", fol, 33, v°. Nous devons la communication de cette pièce à l'amabilité de M. Léonardon, le distingué archiviste-paléographe Versaillais, auquel nous présentons ici nos sincères remerciements.
C’est très probablement de cette pièce que s’est inspiré Laurent-Hanin, écrivant (0. c. t. I, p. 116) «à l’intérieur (après le renfort de la garnison) le calme était loin d’exister. Des attroupements exigeaient qu’on leur livrât le sel à raison de sept sols la livre.»
3 Cf. Archives parlementaires, t. VII, p. 296.
4 Archives parlementaires, t. VIII, p. 496, sqs.