La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

130 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

que ce caractère viager sera — provisoirement — modifié. Il n’est pas jusqu'à l'incapacité dont les conservateurs sont désormais frappés qui ne doive concourir à donner à leur magistrature un lustre aristocratique, un caractère quasi sacré, une véritable « consécration constitutionnelle » qui ne saurait être sans éclat et sans force aux yeux de l'évêque Sieyès. « Une fois qu'un citoyen était admis, écrit Boulay sous son inspiration, il ne pouvait plus ni conserver, ni oblenir aucune autre place, même en donnant sa démission ; c’est un engagement qu'il contractait..... ou si l’on veut une espèce de consécration perpétuelle au bien publie, dans la sphère de la vocation et des attributions de ce corps ». Les dédommagements mêmes que Sieyès conférait aux membres du collège précisent le sens aristocratique de son institution :

« À chacune de ces places, dit la Théorie constitution « nelle, il attachait un revenu territorial de cent mille « francs au moins, créé en domaines nationaux, dans le « rayon de trente à quarante lieues de la capitale ; ce € qui portait à dix millions toutes les dépenses de léta« blissement. Pourquoi cette riche dotation? Ce n’était «€ pas seulement pour accorder une grande récompense « nationale à de grands services, ni pour indemniser « largement les membres du collège de la privation « de tout autre avancement, de tout autre moyen de « fortune dans la carrière publique; mais c’est qu'ayant «€ jeté un eoup d'œil réfléchi sur la société et les mœurs « françaises, Sieyès était convaincu de l'importance de € faire tourner au profit de la révolution l'influence des « richesses et des plaisirs, qui avait toujours été contre