La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA CONSTITUTION DE L'AN VIII 15%

« elle. Nous avons déjà vu que c'est dans ce même but « qu'il dotait magnifiquement le Grand Electeur. Il « voulait de même que le collège des conservateurs, « placé au sommet de la hiérarchie politique eût un re€ venu assez considérable pour ouvrir des salons, y rece« voir toute la bonne société, et donner ainsi à la capitale « une direction qui serait bentôt imatée par les autres « villes.

« Ce corps, dans sa pensée, devait donc présenter «une masse vraiement imposante par l'influence des « mœurs, des vertus, des services, des noms et même de « la propriété, J'ajoute que ses membres, déjà inamo« vibles, étaient de plus inviolables. »

Mais, aristocratique par sa place dans la hiérarchie constitutionnelle, par son inamovibilité, par les conditions de recrutement qui assurent sa stabilité, par l’incapaeité même qui frappe ses membres, par les dédommagements pécuniaires dont on les comble, le collège des conservateurs doit réaliser cette aristocratie à l’aide des hommes de la révolution, au profit des principes de 1789. Dans les listes d’élégibilité qui sont la pépinière du collège, la fortune territoriale peut sans doute être considérée — et si l’on admet que des propriétés pour une valeur de deux milliards et demi ont été mises en vente depuis la Révolution, c’est un dixième du sol français qui s’est mobilisé (1) ; — mais elle ne doit pas être un élémentnécessaire de formation (2). Même Sieyès prétend

(1) V. Arnauné dans l'Histoire générale de Lavisse et Rambaud, &, VIII, p. 620. (2) «... lors de Ia discussion qui eut lieu dans le sein des