La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

1AS LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

S'il avait de l’aversion pour les hommes et « la métaphysique » de 1789, Bonaparte redoutait encore plus les royalistes que les jacobins. N'entendant pas constituer

surtout chez la nation française. En Angleterre, la majorité du Parlement est constamment la même dans une session; en France, cela change tous les jours. Ce sont les hommes de 1791 qui veulent revenir, Rœderer, Mounier et autres. On composerait les grands corps de tous ces hommes, de Lafayette, de Latour-Maubourg. Eh bien! ces deux-là m'ont écrit, au sujet du consulat à vie, qu’ils disaient oui, à condition que la liberté de la presse serait rétablie. Jugez maintenant ce qu’on peut espérer de ces hommes qui sont toujours à cheval sur leur métaphysique de 1789, La liberté de la presse ! Je n'aurais qu’à la rétablir, j'aurais de suite trente journaux royalistes et quelques journaux jacobins. Il me faudrait gouverner encore avec une minorité, une faction, et recommencer la révolution, tandis que tous mes efforts ont tendu à gouverner avec la nation. L’opinion de ces messieurs serail contre-révolutionnaire ; ils ont plus ou moins souffert, ils ont en horreur tout ce qui tient à la révolution, Je les entends tous les jours. C’est une réaction continuelle. Ils croient me faire la cour. Que j'aille donc proposer à des grands corps ainsi composés une conscription, des contributions : ils résisteront ; ils allègueront les intérêts du peuple. Que j'aie besoin d’une mesure forte dans des circonstances difficiles, ils auront peur, ils m'abandonneront par làcheté. Que j'aie une opposition de principes révolutionnaires, elle ne sera pas dangereuse, la nation ne se passionnera pas. Que ces grands corps forment une opposition contre-révolutionpaire, ils auront une grande partie de la nation pour eux. Ils viendraient crier à l'arbitraire, ou dénoncer tel ou tel ministre.» Consulat, t. LIL, p. 16 et suiv.