La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

164 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES resser la tranquillité et la prospérité du pays devait être l’objet de leur examen (1). »

Observons encore que si l'affectation de la sénatorerie localise définitivement l'inspection personnelle, la répartition des biens qui la composent dans plusieurs arrondissements et même dans plusieurs départements, lui donne une étendue considérable et une sorte de mobilité continue (2).

(1) Rocquain, op. cit. Préface, p. VL.

(2) V. aux Annexes VI, la composition de la Sénatorerie de Nancy, en exemple. — Cette mobilité a-t-elle pour but d'assurer le plein exercice de l'inspection, ou tend-elle à propager l'éclat de la dignité sénatoriale ? Ces deux molifs, joints aux nécessités qui résullaient de l’éparpillement des biens nationaux, ont dù concourir à cette mesure.

Une observation de Napoléon, sur le projet du sénalus-consulte, insiste sur le second seul : « Il serait utile de les disséminer (les sénatoreries) sur différents points de la République, pour y répandre la considération du Sénat, et aussi pour exciter l’émulation des citoyens. » (Correspondance, t. VII, p. 188). Certains sièges de sénatoreries étaient, en effet, des édifices imposants : le palais des Etats de Bourgogne, à Dijon ; l’abbaye de Saint-Wast, à Arras ; le château d'Amboise, à Orléans ; le château d’Eu, à Rouen ; le château de Poppelsdorf, à Trêves ; l'hôtel de Mons, à Aix ; le palais de l’Archevêque, à Narbonne. (Desplaces, op. cit. p. 468) « À Paris, ajoute Desplaces, nul édifice ne parut assez beau ; on fut si embarassé qu’en 1808 aucun choix n’avait encore été fait. » (ibid. id.) Notons, en outre, que ces nouvelles affectations ne pouvaient que rassurer les propriétaires de biens nationaux,