La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

166 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

conféré emporte affectation de biens pour un revenu déterminé(1). Bien plus: c’est une fonction dont l’exercice exigerait beaucoup d'activité, de sagacité — et quel est le premier sentiment du Sénat? qu'il faut l’attribuer par rang d'ancienneté, c’est-à-dire aux vieux parlementaires les plus indifférents, les plus désabusés, les plus fourbus (2). D’autres n’y souhaitent que le germe

(1) V. Annexes VII.

(2) (a) «Le Sénat n’avait point adhéré à la proposition confidentielle qu’on lui avait faite au sujet de l'établissement des sénatoreries : il redoutait sur lui-même l'effet d’une distribution inégale de faveurs et manifesta le vœu, si l’on persistait à les vouloir, à ce qu’elles fussent données à l'ancienneté. Mais cette ancienneté aurait contrarié les vues des fondateurs, et en assurait une à quelqu'un à qui on ne voulait pas en donner («). On prenait pour prétexte qu'il avait déjà obtenu une dotation nationale, dotation qu’il a eu la permission de vendre, et dont il a tiré un très grand parti; ilétait aussi bon calculateur que bon métaphysiGien. « Le procédé d’une présentation de troiscandidats par chaque sénatorerie fut donc adopté. Il pouvait également faire mettre sur la liste de candidature la personne que l'on aurait été fort fâché d’y voir, parce que, disait-on, il eût été impossible que son ancien collègue au consulat, son coopéraleur au {8 brumaire, ne le nommât pas à une sénatorerie.

« Le Sénat, je dois le dire, eut la faiblesse d’obéir à cette impulsion, il ne mit pas au rang de ses candidats celui qui l'avait conçu et inauguré. L'inégalité des faveurs n'a cependant pas empêché que la tenue intérieure de ce corps ne fût comme

(&) Sieyès.