La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LES SÉNAIORERIES 167

d'une grande aristocratie territoriale (1). Mais nul ne

l'est celle de la chambre des pairs. La politesse et les égards réciproques y ont été scrupuleusement observés. Personne n’entrait dans l'assemblée, ni n’y siégeait couvert. »

Comte de Cornet. Souvenirs sénatoriaux, 4824, p. 29-30.

(b) « Quand on annonça la création de sénatoreries, l'avis primordial était qu’on les obtint par rang d’ancienneté de nomination. Joseph Bonaparte avait déclaré que l'Empereur ne ferait pas au Sénat l'injure d’adopter une autre forme ; cependant une autre forme fut adoptée, celle de présenter trois candidats, entre lesquels choisissait Bonaparte. Alors se déploya toute lintrigue des meneurs pour être sur la liste ou y faire placer leurs aftidés. Le nombre des sénatoreries n'était pas proportionné à celui des avides et des serviles qui les convoitaient. Il en résulta parmi eux un mécontentement qui faisait hausser les épaules et provoquait le rire des indépendants.

« Sénatoreries. — Listes faites en famille. — Nouveau moyen d’asservir les volontés. — Alléchés par l'odeur des revenus.

« Bons de 13.000 francs distribués, dit-on, aux serviles les plus influents. »

Grégoire. Mémoires, t. I, p. 129.

(1) «..Soninstitution desénatoreries, envisagée dans un point de vue différent de celui de sa conception, pouvait produire des effets politiques très heureux ; elle aurait constitué un grand patronage qui, disséminé sur toute la surface de l'empire français, oût tempéré l'exercice du pouvoir absolu. Mais les rivalités de pouvoir l'ont fait repousser et réduire à une sinécure ; il n’en est résulté qu'un ferment continu d'intrigue et de corruption dans un corps qui, jusque-là, n’en avait pas connu le germe...»

Comte de Cornet. Op. cit., p. 43.