La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

168 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES conteste l'utilité de cette sorte de contrôle des préfets. Ce n’est point de la fonction qu'il s'agit. Chacun n’y voit qu'un avantage matériel; l’avidité seule s'y passionne (1).

De quel crédit faire confiance à de tels missionnaires (2) ? N'ayant pu recueillir aucun document sur ce sujet nous ne saurions rien affirmer. Mais la rareté même des témoignages peut paraître un indice que ces missions ne furent pas d’un grand secours au gouver-

(1) « Toutes ces dispositions passèrent à l'unanimité, suivant ce que m’apprit Joseph Bonaparte, qui, en sa qualité de sénateur assistait à la séance. « Je suis, — me disait-il à son retour, je suis tout à fait désabusé du républicanisme en France; il n’y en a plus. Pas un membre du Sénat n’a ouvert la bouche contre les mesures proposées et ne s’est donné la peine de montrer du moins un désintéressement feint. Les plus républicains prenaient un crayon pour calculer ce qui reviendrait à chacun dans le partage du dividende commun. »

Miot de Melito, op. cit. &. Il, p. 64-65. Et v. Grégoire, ci-dessus (p. 167, note b).

(2) « Que chaque chef de sénatorerie se rende dans son arrondissement, qu’il y annonce mes volontés, et qu’il s’en rende l’exéeuteur. Qu'il anime le zèle des administrations, le dévoñment des habitants, et que, s’armant des moyens d’une terreur salutaire, il dirige la vengeance de l'État contre les traîtres, les déclamateurs et les indifférens » fait dire à l'Empereur (sous le titre de « Lettre de Napoléon au Sénat conservateur ») l’ironique auteur du Moniteur Secret., Paris, ASL4, &. IT, n° XXXIX, p. 60.