La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LE SÉNAT SOUS LE CONSULAT 173 que par sa sancüon (1) ». Mais, que l'autorité du premier consul s'affaiblisse, ou que le héros volontaire disparaisse : les ruines de la monarchie effective, qu'est le Consulat, mettront à nu l'aristocratie en puissance qui a son assise dans les collèges et son appareil dans et par le Sénat. Du moins cela sera possible si les éléments aristocratiques que nous avons tenté de signaler sont rassemblés. Or ils n’ont point de consistance, ou plutôt ils n’en ont pas encore (2). Ce sera l’œuvre de quelques sénatus-consultes impériaux d’esquisser de l’aristocratie une théorie paradoxale, de tenter de cette

(1) Thiers.

(2) «Pluson semblait vouloir donner deconsidération au Sénat, plus on faisait ressortir sa nullité. Comme corps conservateur de la constitution, corps constituant, organe de la haute législation, il n'avait point reçu de pouvoirs de la nation, il n’était point de son choix; il était tout parle premier Consul, ou plutôt il n’était rien. Comme aristocratie ou corps intermédiaire, destiné à exercer une influence, à servir de point d'appui, à former le principal anneau de la chaîne qui lie une nation à un gouvernement, le Sénat n'avait aucune consistance. Car s’il renfermait quelques illustrations nouvelles, on y cherchait en vain une réunion suffisante des notabilités de la propriété, de la richesse nobiliaire, du commerce et de l’industrie, des arts et des sciences, du civil et du militaire, seules et véritables forces nationales qu'on ne peut trouver que là où elles sont, et que nulle puissance ne Crée à sa volonté. »

Thibaudeau. Consulat, t. HE, p. 357, 835.