La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

174 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

théorie une application craintive, contradictoire, de prétendre fonder solidement une aristocratie servile, et de la manquer.

II

Bonaparte tout ensemble la veut et la redoute. Il en a recueilli le germe des mains de Sieyès et l’a cultivé par nécessité. Il en souhaite l'ombre sans l'arbre, l’appui sans la résistance ; et déjà ces deux volontés de vivre, celle du créateur et celle de la créature, se coalisent et se heurtent: Le Sénat offre le trône héréditaire au premier consul, mais joint à son adresse un mémoire dans lequel « il développe les dispositions qui lui paraissent les plus propres à donner aux institutions la force nécessaire. » Elles aboutissent à quatre propositions :

« 1° Que la dignité des sénateurs soit héréditaire et qu'ils ne puissent être jugés que par le Sénat ;

« 2° Que le Sénat ait l'initiative des lois ou le veto ;

« 3° Que le Conseil d'État ne puisse interpréter les sénatus-consultes ;

« 4° Que deux commissions soient instituées dans le sein du Sénat, pour protéger l’une la liberté de la presse, l’autre la liberté individuelle (1) ».

(1) Bonaparte en manifesta, en Conseil d’État, un vif déplaisir : « Quelque jour le Sénat, dit-il, profitera de la faiblesse de