La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LE SÉNAT IMPÉRIAL 175 Voilà révélé le danger futur du corps aristocratique ; en voilà patente toute la faiblesse, Il s’empresse de déférer au vœu du maitre, impuissant à défendre la France révolutionnaire qu'il représente, de l'Empire qu'il décrète ; mais de la monarchie, à laquelle son enthousiasme consent, il entend faire une monarchie aristocratique, à son profit, c’est-à-dire cette fois encore au profit des hommes de la Révolution.

mes successeurs pour s'emparer du gouvernement. On sait ce que c’est que l’esprit de corps; cet esprit le poussera à augmenter par tous les moyens son pouvoir. El détruira, s’il le peut, le Corps législatif, et si l’occasion s’en présente, il pactisera avec les Bourbons aux dépens des libertés de la nation.

« Le Sénat veut être législateur, électeur et juge; une telle réunion de pouvoirs serait monstrueuse. Il affecte de se regarder comme le gardien des libertés du pays, mais quel meilleur gardien peuvent-elles avoir que le prince ? Et, s’il voulait les attaquer, qui est-ce qui pourrait prévaloir contre lui ?

« Le Sénat se trompe s’il croit avoir un caractère national et représentatif, ce n’est qu'une autorité constitutée qui émane du gouvernement comme les autres. On lui a attribué, comme corps, une certaine puissance, mais ses membres individuellement ne sont rien.

« Les prétentions du Sénat sont des réminiscences de la constitution anglaise, mais rien n’est plus différent que la France et l'Angleterre. Le Français habite sous un beau ciel, boit un vin-ardent et capiteux et se nourrit d'aliments qui excitent l’activité de ses sens ; l'Anglais, au contraire, vit sur un sol humide, sous un soleil presque froid, boit de la bière ou du porter et consomme beaucoup de laitage. Le sang des deux