La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

182 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

certains cas à la régence ou à la garde de l’empereur mineur. Et déjà il occupe la moitié des sièges de la Haute Cour dont les attributions sont essentielles « au corps des nobles », selon la théorie de Montesquieu dont on se glorifie de s’être inspiré (1).

« Le Sénat, rapporte Cornet, fut en corps saluer le « nouvel empereur qui, pendant la harangue de son « grave président, riait sous cape et d’un rire presque « sardonique que j'interprétai ainsi : Vous me décernez « la couronne impériale, je l'aurais bien prise sans « vous. La bonne Joséphine fut fort émue et prête à « pleurer lorsqu'elle s’entendit qualifier de Majesté « impériale. Ces récits vrais prouvent que le Sénat, « comme corps, n’a fait que sanctionner des mesures « auxquelles il n'avait aucun moyen d’opposer même « les apparences de la résistance. Je puis dire qu'il s’est « laissé faire et qu'il n’a fait aucune démarche pour « obtenir les honneurs et les avantages qu'il a reçus « depuis ; c’est à la politique de Bonaparte qu'il a tout « dû » (2).

Cette politique seule donnera un sens aux textes constitutionnels. C’est elle qu’il faut suivre au cours des nominations nouvelles par où se précisera le caractère

(1) €... l’homme d’État sera satisfait et les ombres illustres du sage Lhopital, du grand Montesquieu et du verlueux Malesherbes seront consolées de n’avoir pu que proposer » cette « heureuse institution ». (Rapport de Lacépède au nom de la Commission.) — Voilà déjà promue la Trinité parlementaire que vénérera la Restauration.

(2) Souvenirs sénatoriaux.