La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

190 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

Chambre des pairs, explique-t-il ailleurs : objets sans doute fort voisins d’un vœu qui restera provisoirement irréalisé, mais dont il semble que chaque étape, du 16 Thermidor à 1814, nous rapproche :

« Au retour de la campagne de Russie, après la « conspiration de Mallet, Napoléon fit de sérieuses ré« flexions sur la personnalité, la fragilité de sa situa« tion. Il pensa à créer une pairie héréditaire. I voulait « la prendre : 1° Parmi les plus grands de son État, « surtout dans l’ordre militaire ; 2 parmi les proprié«_ taires fonciers, chacun le plus riche de son départe« ment, attaché au système, ou du moins ne s'en étant «jamais déclaré le formel ennemi; 3° parmi ceux, « ou les fils de ceux qui, dans une circonstance donnée, « avaient rendu des services éminents à la patrie, ou « l'avaient sauvée, dans quelque carrière que ce soit.

« On aurait vu figurer l'héritier de Sully, et celui « du vainqueur de Denain, et celui de Vauban, à côté « de Carnot, qui sauva la France en 179%...

« Cette idée, grande et généreuse, n'eut pas de suite;

taire une Assemblée qui, pour être quelque chose, devrait être délibérante, et vous l'aurez discréditée. Aussi n’aurais-je plus qu’à tirer la clef de la porte de la salle des séances et à la mettre dans ma poche ; c'en sera fait du Corps législatif... Je ne veux cependant pas le pouvoir absolu ; je veux plus que des formes. Je donnerai une organisation nouvelle au Sénat et au Conseil d'État. Le premier remplacera la Chambre haute, le second celle des députés. Je continuerai à nommer à toutes les places de sénateurs... »

Metternich. Mémoires, Paris, 1880, £. Ter, p. 120-

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