La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LE SÉNAT IMPÉRIAL 191

« elle n’aboutit qu’au sénatus-consulte sur la régence, « et à une composition régulière et plus impériale du « Sénat. Napoléon ne voulut pas rendre ses chefs indé« pendants de lui ; il ne voulut pas d’une Chambre des « pairs qui pourrait lui refuser des soldats.

« Dans la campagne de France, aux premiers mois de « 1814, Napoléon parlait à Troyes en Champagne, avec « un de ses généraux, de l’état des choses. « Les enne« mis, disait celui-ci, sont trop nombreux. Nous ne € pouvons pas en venir à bout, avec nos soldats qui « tombent chaque jour et qu'on ne remplace pas; il « faut que la France se lève. .…. — Eh ! comment vou« lez-vous que la France se lève, interrompit avec vi« vacité Napoléon : il n’y a pas de clergé, il n’y a pas « de noblesse, et j'ai tué la liberté ! » (1).

Le Sénat impérial, en effet, tel que les événements de 1814 le surprennent, n’est pas seulement un collège politique, majestueux, vain tout à la fois et nécessaire (2). Le Sénat doit être une force nationale. « On

(1) Général Foy, Histoire de la (ruerre de la Péninsule, t. I, p. 169.

(2) « Un Sénat ou une Chambre des pairs est une rouerie politique ; c’est une force royale déguisée sous le manteau de la représentation nationale », énoncera Bonaparte (Montholon, Récits de la captivité... Correspondance, t. XXXII, p. 423.) Diderot a déjà dit : « La terreur étant une sentinelle qui manque un jour à son poste, il importe de dérober au peuple sa servitude.. Toujours mettre le nom du Sénat avant le sien : ex Senatus-consulto et auctoritate Cæsaris ; on n’y manque guère quand