La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

L'ARISTOCRATIE IMPÉRIALE 201

s'étend jusqu'aux collèges électoraux tout le rayonnement de la gloire des six grands dignitaires, des grands officiers militaires et civils de l'Empire.« C’est tout ce que l’artifice humain peut imaginer de plus habile pour imiter une aristocratie avec une démocratie » (1).

Un jour l'Empereur invente de grands fiefs, y attache des titres de prince et de duc, rétablit les substitutions

oubliés qui s’agitent de nouveau sous la bannière de la Révolution ! Que de fiers républicains de l’an VII se font petits pour arriver jusqu’à l’homme puissant qui peut les placer! Que de Brutus qui sollicitent! Que de petits talents on exalte !... Ce prodigieux changement de scène s’est opéré en un moment. Espérons que le héros de la liberté... verra ces manœuvres avec le dégoût qu’elles inspirent à toute âme élevée, et qu'il ne souffrira pas qu’une foule de noms obscurs ou flétris cherchent à s’envelopper des rayons de sa gloire. »

Moniteur du 3 nivôse, cité par Thiers, t. Ier,

p. 114.

(1) « Cette hiérarchie de dix grands dignitaires et de 40 ou 50 grands-officiers, placés sur les marches du trône, était à la fois aristocratique et démocratique : aristocratique par la position, les honneurs, les revenus qu’elle allait avoir bientôt grâce à nos conquêtes ; démocratique, par l’origine, car elle se composait d’avocats, d'officiers de fortune, quelquefois de paysans devenus maréchaux et devait rester constamment ouverte à tout parvenu de génie, ou même de talent. Ces créations ont disparu avec leur créateur. mais il est possible qu’elles eussent fini par réussir, si le temps y avait ajouté sa force et cette volonté qui engendre

le respect. » ; Thiers, t. V., p. 103 et suiv.