La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

202 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

et les majorats; bientôt il donne un corps à cette tête et fait, en moins de dix ans, 48,000 cheva- . liers, 1,090 barons, 388 comtes (1). Seul le titre de marquis demeure caduc. Mais il y a des rois et des vice-rois. Aux hommes nouveaux les blasons naguère

(1) Taine. Régime moderne, t. Ier, p. 341.

L'archichancelier (Cambacérès) présentant au Sénai les statuts relatifs aux titres et aux majorats, s'exprime ainsi :

« S'il restait encore quelques doutes à résoudre, j'aurais recours à l’expérience des siècles et à l’autorité de l’un de nos plus grands publicistes, Montesquieu, qui a considéré l'exis: tence et le maintien des distinctions héréditaires comme entrant, en quelque façon, dans l'essence de la monarchie.

Les prééminences qu'une telle institution élablit, les rangs qu’elle détermine, les souvenirs qu’elle transmet, sont l’aliment de l'honneur; et cet honneur est en même temps le principe du gouvernement sous lequel la force du caractère national nous à ramenés.

«. Jamais les distinctions dont il s’agit n'auront eu une source plus pure ; les titres ne serviront désormais qu’à signaler à la reconnaissance publique ceux qui se sont déjà signalés par leurs services, par leur dévouement au prince et à la patrie.

« L'Europe, témoin de nos convulsions politiques, admire les ressources du génie qui en a amené l’heureuse issue ; elle est couverte de nos trophées, et son estime accueillera les noms auxquels la bienveillance de notre auguste souverain daignera ajouter un nouveau lustre.

« De grands exemples imposeront aux races futures de grandes obligations et les efforts que cette dette rendra néces-