La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

206 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

antique et de Vienne (1); mais à la base et sous ce fronton de clinquant, des plébéiens seuls dont les

(1) a) « Le luxe de ces cours fondées par Napoléon, était absurde. Leluxe des Bonaparte n’était ni allemand, ni français ; c'était un mélange, une espèce de luxe érudit: il était pris partout. Il avait quelque chose de grave comme celui de l'Autriche, quelque chose d’européen et d’asiatique, tiré de Pétersbourg. Il étalait quelques manteaux pris à la Rome des Césars ; mais en revanche, il montrait bien peu de chose de l’ancienne cour de France, où la parure dérobait si heureusement la magnificence sous le charme de tous les arts du goût. Ce que ce genre de luxe faisait ressortir surtout, c'était le manque absolu de convenance ; et, en France, quand les convenances manquent trop, la moque-

rie est bien près. » Talleyrand, op. cit., t. IF, p. 26.

(+) L'ancienne noblesse affluait toujours plus à la cour, et l'Empereur luicontinuait sa préférence. D’abordil la trouvait plus souple, plus serviable que la classe bourgeoise et les hommes de la Révolution. Ensuite, les nobles possédaient encore les plus grandes fortunes et exerçaient par là une influence qui ne devait pas rester hors du gouvernement. Serait-ce avec les hommes de la Révolution qu'on pourrait composer une cour? On ne trouverait parmi eux que des fonctionnaires honorables sans fortune ou des fournisseurs enrichis, sans considération. Une cour de salariés serait onéreuse pour l'État et sans dignité. Les anciennes fortunes, si elles se divisaient par les partages, se recomposaient par les successions. Les fortunes nouvelles n'avaient pas cet avantage : loin de se refaire par les héritages, il leur fallait au contraire soutenir des parents pauvres. Le gouvernement ne pouvait, comme autrefois, enrichir ceux qui le