La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

L'ARISTOCRATIE IMPÉRIALE 207

services sont comptés, les talents acquis. Et voilà l’ordre féodal renversé : ce ne sont plus les riches qui deviennent les nobles ; des roturiers n'ayant de fortune que leur solde ou leur traitement sont anoblis d’abord, puis enrichis. Non pas que l'Empereur méconnaisse l’im-

servaiènt par les biens de la couronne ou les confiscations; il devait donc prendre les fortunes toutes faites pour les employer à son service. Voilà ce que se disait Napoléon.

«De ces idées, nécessairement inhérentes à la monarchie, il s’ensuivait qu’il fallait relever, favoriser l’ancienne noblesse, et, par conséquent, les émigrés qui en formaient la partie la plus utile à acquérir, »

Thibaudeau, Empire, t. IT, p. 293-94.

e) Plus tard l’exilé rappelait encore : («Dans les premiers temps du Consulat, Sieyès disait : ( Je ne vous verrai jamais d’aplomb que vos antichambres ne soient remplies de l’ancienne noblesse. Les femmes d'avocats, qui feraient à présent les dédaigneuses d’être dames du palais, en mourraient d'envie si elles voyaient les grands noms l'être ! » Le fait est que j'étais mieux servi, j'entends service, par Mme de Montmorency, Mme de Mortemart, que par les bourgeoises. Ces dernières craignaient de passer pour des femmes de chambre. La duchesse de Montebello était comme cela, elle n’aurait pas ramassé la jarretière de l’impératrice. Tout en m’entourant de la vieille noblesse, qui estla vraie aristocratie, je donnais la première place, le commandement des armées à des plébéiens tels que Duroc. Les nobles étaient flattés et les plébéiens voyaient bien que je considérais les premiers par

politique. » (Extrait des notes du général Gourgaud sur le

séjour de Napoléon à Sainte-Hélène). Revue de Paris, 15 janvier 1899.