La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

208 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES portance politique des grands propriétaires : il consacre l'influence de la richesse territoriale, dans les collèges électoraux, les administrations communales et départementales, dans les fonctions publiques à la Cour. Mais, le plus souvent, il l'improvise sous forme de dotations à l'étranger ou de sénatoreries. Il s’efforce de river l’une à l’autre, la France des rois et la France révolutionnaire, et, dans la France impérialisée, l'administration et l’armée (1). Survivances brisées, individualités dissociées, il prétend jeter toute la nation éparse dans un creuset où elle se recompose. Et ce créateur d’un culte laïque de la victoire (Temple de la GrandeArmée) va jusqu'à imposer à la division territoriale l'aristocratie des bonnes villes, et à l'esprit, l'aristocratie immortalisée des statues dont voici l'ère.

Mais ce n’est point assez de créer les classes d’une aristocratie départementale et nationale, et de les hiérarchiser. Il faut en assurer le jeu relatif. Sans doute on aura remarqué déjà les liens qui rattachent les unes aux autres ces diverses catégories et unissent, par exemple, les collèges à la Légion d'honneur, aux gran-

(1) Il les tient liés en donnant de préférence des emplois civils à des parents de militaires, et en avançant (dans le militaire les enfants de ces employés civils. L'administration devint alors la sœur de l’armée, et l’armée une émanation de ceux qui pouvaient en effectuer le recrutement. »

De Laborde. Les Aristocraties représentatives, Paris 181%.