La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

914 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

voir « mis le comble aux malheurs de la patrie française par son refus de traiter », après avoir déclaré ces guerres « politiques, justes et nécessaires » et avoir félicité l'Empereur de « combattre pour la paix ». Il . l’accusait d’avoir abusé de l'argent, et: de ces soldats qu’il lui avait jetés sans compter : 1.677.000 hommes en moins de neuf ans |

En vain tenterait-on pour exeuser le Sénat de s’autoriser du témoignage de Napoléon en exil. « Qu’eût-on voulu que fit le Sénat ? Qu'il refusàt des conserits, que des commissions de la liberté individuelle et de la presse fissent esclandre contre le Gouvernement ? Au lieu de cela les sénateurs venaient, avant de voter, trouver l'Empereur et lui produire, à l'écart, quelquefois très chaudement leurs objections, ou même leur refus, et ils s'en retournaient convaincus ou par raisonnement ou par la force et l’imminence des choses. Les votes du Sénat étaient presque constamment unanimes, parce que la conviction était universelle. Je le répète, la carrière du Sénat a été irréprochable. L’instant seul de sa chute a été honteux et coupable (1) ». Quelque surprise que réserve la

(1) Las Cases. Mémorial, édit. de 1823, &. Ier, p. 358 à 360, Napoléon avait été plus vif dans sa Proclamation du 15 avril 1814 :

« Le Sénat s’est permis de disposer du gouvernement français ; il a oublié qu’il doit à l'Empereur le pouvoir dont il abuse main-