La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

L'ARISTOCRATIE SÉNATORIALE 219

« Fut-il jamais un corps plus vil, plus rampant, plus ingrat ? » demande le Dictionnare des Girouettes (1). La France du Roi n’est même pas reconnaissante. Le Petit catéchisme à l'usage du peuple Français (2) qui, à cette question : « Qu'est-ce que Napoléon Bonaparte qui, sous le titre d'Empereur avait usurpé la couronne ? » répond : « Un Corse inconnu », ne rend grâce qu'à « la résolution magnanime de l'Empereur Alexandre et de la nation Russe ».

Qu'on observe au Musée du Louvre les Sabines de David et, vis-à-vis, le Sacre de Napoléon : les mêmes torses, nus ici, viennent là d’être chamarrés de passements et d’or : voilà les mêmes romains révolutionnaires drapés de soie, de velours, — l’échine assouplie ; et qu'on regarde encore, auprès, ce Léonidas aux Thermopyles qui porte le poids de toutes les manières et de toutes les contradictions du peintre vieilli : le contraste y éclate de même, celui du tableau d'histoire et du « portrait historique », le contraste de tout cet âge qui boite entre l’allégorie héroïque et le réel, du Forum aux champs d’Austerlitz, à Waterloo. Plébéien, ce général fonde une monarchie ; il haït l'aristocratie féodale, et crée une aristocratie égalitaire de talents,

(4) Paris, 1815. (2) Paris, 1814, s, n. d'a,