La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA THÉORIE DU POUVOIR INTERMÉDIAIRE 291

lais du Luxembourg. Puis les 154 pairs à vie prêtèrent serment, heureux pour la plupart d'oublier au pied des nouveaux autels la chute d’un monde que leur culte n'avait pas sauvé.

Il

L'utilité d’une aristocratie, — d’un corps intermédiaire, — comme écrivait Montesquieu, et de sa représentation politique, — d’un pouvoir intermédiaire, comme dira Benjamin Constant, est donc proclamée par la monarchie restaurée : c’est l’acte de contrition de la Charte. Et l’on y peut noter une des plus singulières contradictions de son principe qui est de prétendre continuer l’ancienne « constitution » du royaume, et de l'application qu'elle fait de ce principe s’efforçant de rendre à la noblesse une puissance dont la politique royale s'était toujours efforcée de la dépouiller.

Les formules que donnent de cette théorie politique les publicistes contemporains ne sauraient être négligées. C’est par elles que s'exprime la pensée fondamentale de la Charte. Il y faut joindre quelques documents antérieurs ou postérieurs qui, touchant la philosophie sociale ou commentant plus modestement les textes constitutionnels, ne contribuent pas moins à nous renseigner. Puis il faudra, cette fois encore, retourner à Delolme et à Montesquieu, afin de recueillir dans l’Esprit des Lois l’oracle toujours commémoré et obéi.