La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

949 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOGRATIES

moyens « par où coule la puissance ». Et qu'importent lesdifférences,qu'importe si,tandis que Joseph de Maistre raille la prétention des inventeurs ou des adaptateurs de Constitutions, Montesquieu propose, celle (il est vrai non écrite) des Anglais? Qu'importe si, partant de ce principe commun, à savoir que « les lois sont les rapports nécessaires qui résultent de la nature des choses », Montesquieu, par un détour évident, systématise ce qui est contingent, tandis que le dialecticien de Bonald prétend étudier la nature des choses en soi ? Les terminologies s’apparentent ; les conclusions se rapprochent. La Charte donnera au préjugé traditionniste la satisfaction d’avoir cherché les principes des institutions « dans le caractère français et dans les monumens vénérables des siècles passés ». Louis XVIII la datera de Paris, « l'an de grâce 1814, et de notre règne le dix-neuvième ». Mais, instruit par l'expérience, c'est à Hartwell, en Angleterre, que le roi de France «et de Navarre » étudie la politique, plus attentif, sans doute, et malgré soi, au triomphe réactionnaire de la pairie ancienne et nouvelle et de la gentry parlementaire dans les deux Chambres qu'aux précédents des Champs de Mars et de Mai.

La nécessité d’une aristocratie et d’une représentation politique de cette aristocratie étant admises, encore en faut-il déterminer les éléments.