La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA PAIRIE, INSTITUTION NATIONALE 254

à répartir dans toute la France, lui affirmait: « La nation désire de l’ancien (1). »

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Nacarre, en l'an dix-neuvième de son règne, ne prétend pas créer : il restaure l’œuvre des rois, ses prédécesseurs. I leur emprunte la Pairie. Encore serait-il bon de savoir à quel àge il se reporte, quels sont les textes qu'il interprète. C’est d'une manière pour ainsi dire négative que la Charte rappelle les droits conférés par Louis le Gros, saint Louis et Philippe le Bel: le roi veut, à leur exemple, « apprécier les effets des progrès toujours croissants des lumières, les rapports nouveaux que ces progrès ont introduits dans la société, la direction imprimée aux esprits depuis un demi-siècle et les graves altérations qui en sont résultées. » Il cherchera les principes de la Charte «dans le caractère français, dans les monuments vénérables des siècles passés. » C’est ainsi qu'il a vu « dans le renouvellement de la Pairie une institution vraiment nationale, et qui doit lier tous les souvenirs à toutes les espérances, en réunissant les temps anciens et les temps modernes. » Pour être visée à titre de modèle dans le préambule de la Charte, sans doute cette énstitution nationale était sinon populaire du moins fort connue ?

Or Zemganno (Gœzmann) (2) signale, en 1775 déjà,

(1) V. Duvergier de Hauranne. {istoire du gouvernement parlementaire, t. TI, p. 100 et suiv. (2) Les quatre âges de la Pairie de France. Maestricht, 1775, LD. 2: 17