La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA PAIRIE MODERNE 263

ou si peu de chose, parmi tant de nouveautés, qu'on est en droit de s'étonner des assurances du préambule.

La Pairie était une dignité tout à la fois réelle et personnelle, réelle par le fief qui en était la condition, personnelle par l'office qu’elle conférait. Nul doute sur ce point : les assertions de Bullet, du président Hénault, de Le Laboureur et de Saint-Simon sont formelles (1). On peut encore invoquer le témoignage du président

(1) «On ne peut lui contester (à M. de la Rochefoucauld) qu’elle (la dignité de pair), ne soit par sa nature singulière et unique, une dignité mixte de fief et d'office. Le duc est grand vassal, le pair est grand officier. L’un a toute la réalité de mouvance nue de la couronne, de justice directe, etc. ; l’autre toute la personnalité, ou les fonctions au sacre, au parlement, etc. ; tous deux ont un rang, des honneurs, ete. C’est ce mixte qui constitue une dignité unique, qui sans l'office ne pourroit être distincte des ducs vérifiés ; sans le fief, des officiers de la couronne ; et qui pour le fief et pour l'office a ses lois communes avec les autres grands fiefs et grands offices, et ses lois aussi particulières à elle-même ; fief et office également parties intégrales et constituantes, sans lesquelles la dignité ne pourroit exister, ni même être conçue, conséquemment de même essence, qui opèrent en l’un plénitude nécessaire de mouvance, en l’autre plénitude nécessaire de fonctions. »

Saint-Simon, Mémoires. Édition Cheruel, p. 251, 252,

Dans le même sens :

« Ce ne fut point les personnes que l’on voulut gratifier de ce