La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA CHAMBRE DES PAIRS 213

sivement appelé d'anciens pairs nécessairement dues, des ducs, des officiers généraux de l’ancienne armée, nécessairement nobles aussi, des maréchaux, princes, ducs, comtes, le prince de Talleyrand, le duc de Plaisance, d'anciens sénateurs au moins comtes, il faudrait donc dire que la Chambre haute représente exclusive ment la noblesse de l’ancien régime ou de l'Empire, si l'on pouvait attribuer à ses membres un caractère strictement représentatif. Mais ce caractère même prête à discussion. « Un pair, dit de Pradt, est un co-souverain héréditaire se représentant lui-même, ne pouvant être représenté par qui que ce soit, et qui ne doit contribuer à la représentation de personne (1).» Assertion sans doute excessive puisque les pairs ne furent jamais privés de leurs droits d’électeurs, assertion qui ne saurait s'étendre nécessairement aux pairs viagers de 1814, mais dont il faut retenir ceci, cependant, qu’en effet il ne saurait s'agir d'une représentation au sens restreint de ce terme, d’un mandat exprès, mais d’une sorte de délégation des intérêts aristocratiques, laquelle, comme celle des intérêts nationaux qu'exerce le roi, serait tacite, essentielle au titre de pair, et, selon le régime de 1814, tirerait son origine directe ou médiate de la nomination royale.

La Chambre des pairs occupe, d’après l’ordre même des titres de la Charte, le second rang dans les pouvoirs

(1) Catéchisme... p. 45.