La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

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des habits d'autrefois », accourir à la curée. Et dans ces débris du Sénat impérial on pouvait compter aussi de vieux parlementaires dont ni la Terreur ni l'Empire n'avaient ébranlé la foi.

Intermédiaire nécessaire entre le souverain et le peuple, la Chambre des pairs se trouvait ainsi presque tout entière désaflectionnée d’un prince sceptique, trop libéral au gré des royalistes, compromis, aux yeux des libéraux, par les menées contre-révolutionnaires de son entourage; et tandis que le désaccord s’aggravait partout entre les émigrés vaniteux, exigeants, menaçants, et le peuple, la noblesse impériale, inclinant enfin vers la bourgeoisie d’où elle était sortie, y trouvait, à son mécontentement, la complicité d'intérêts défiants et inquiets.

Il s’en faut, sans doute, que ces contrastes et ces conflits s’accusent dès l’abord. Ne voit-on pas, le 4 juin 1814, à l'ouverture de la session législative au PalaisBourbon, siéger côte à côte sur des banquettes au dessous et de chaque côté du trône : «€ deux de MM. les pairs ecclésiastiques et six de MM. les pairs laïcs, MM. les ministres secrétaires d'État, les ministres d'État, MM. les maréchaux de France et premiers inspecteurs généraux ; une députation des grandscordons et des grands-officiers de la Légion d'honneur ; une députation de MM. les lieutenants généraux et maréchaux de camp » (1) ?

(4) Arch. parl., t. XIT, p. 32.