La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LA SESSION DE 1814 291 Pour être trop hâtive, l’opposition des sénateurs-pairs, comme disait le Dictionnaire des Girouettes, eût été vraiment ingrate. Il appartint au projet de loi sur la presse de la provoquer. Renseigné par Lenoir-Laroche, Dedelay d’Agier, Lanjuinais, le Censeur rendait un compte exact des débats secrets où l’on pouvait croire que l’éloquence d'anciens parlementaires tels que Cornudet et Boissy d'Anglas l’emporterait sur les projets du gouvernement comme elle savait réduire les prétentions du due de Feltre. L'influence de Talleyrand transparaissait dans l’adresse qui, en réponse à l’Erposé général de l'Etat du royaume, rappelait la richesse « née au milieu des orages de la Révolution » et témoignait l’attachement des pairs à la Charte. Les protestations de quelques membres enfin contre « le langage de l’ancien français » que contenait un dispositif de la loi sur la naturalisation et contre le silence où le texte laissait le concours nécessaire des deux Chambres venaient affirmer encore les tendances libérales de l'assemblée. Elle n’en avait pas moins voté les mesures restrictives de la liberté de la presse, la loi de célébration des dimanches et fêtes, la résolution déelarant dettes de l'État celles que le Roi avait contractées en pays étranger, et le principe de l'indemnité aux émigrés, quand l'ordonnance du 31 décembre prorogea les Chambres. Rappelés subitement, le 9 mars 1815, aux promesses constitutionnelles que leur offrit la harangue propitia-