La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

992 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

toire du chancelier, les pairs répondirent par l'assurance d’une fidélité sans scrupules : « S'il fallait que les lois devinssent plus sévères, vous en gémiriez sans doute :.… les deux Chambres, animées du même esprit, s'empresseraient de concourir à toutes les mesures que pourraient exiger la gravité des circonstances el la sûreté de l'État. » Mais il n’y avait pas seulement des inquiétudes libérales à apaiser ; il y avait des ressenti ments croissants, des colères mueltes ; il y avait de vieux sermenis rompus sans remords, mais non pas sans regrets, et des admirations qui ne demandaient qu'un peu de succès pour se réveiller. Dans l’enthousiasme collectif, parmi les vivats, les uns tentaient de prévoir dans quel camp serait le vainqueur pour accourir ; et les autres, qui ne représentaient que des intérêts épars, des vies ralenties et des préjugés impopulaires, mais aucune de ces grandes existences politiques qui font seules la légitimité et la force des représentations aristocratiques, éprouvaient qu'ils n'avaient plus de place même dans la bataille (1).

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(1) « Les Chambres n'avaient rien fait pour empêcherle retour de Napoléon, mais elles n'avaient rien fait non plus pour le faciliter. C’est la seule fois qu'un changement de régime se soil opéré sans avoir été préparé ou favorisé dans le Parlement. Le coup de main du 20 mars a été purement militaire », observe M.E. Pierre, dans sa belle et précieuse Histoire des Assemblées politiques en France (t. I, p. 368), malheureusement interrompue ,