La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LES CENT-JOURS 299

« L'inconsistance de notre Chambre des pairs, par le « défaut de fonctions habituelles, avait prévu Montlo« sier(1) s'aggrave d'un autre côté, par son défaut absolu « de connexion ?.. Si dans quelque grande occasion « d'État, une attitude imposante de sa part devenait « nécessaire, où trouverait-elle de la dignité ? où trou« verait-elle de la force ? qui répondrait à ses signaux, « à ses mouvements ?

« Dans l’état actuel des choses, une attitude de la part « de la Cour des pairs ne pourrait être imposante € qu'autant qu’elle serait liée à des troubles où à une « faction : et alors cette attitude ne serait pas seule« ment imposante, elle serait funeste. Hors de là une « attitude de la Cour des pairs exciterait la risée. Il « faut le dire franchement : cette prétendue tête de « l'État, qui ne tient en rien, tomberait ou serait « abattue, sans que personne s’en aperçüt. »

V

« Considérant que la Chambre des pairs est composée en partie de personnes qui ont porté les armes

1) Op. cit., p. 39. Quant aux fonctions habituelles dont il est ici question, Montlosier soutient cette thèse plus intéressante qu’exaite: Les anciens pairs étaient de grands officiers de l'État. Plus tard ils siégeaient encore au Parlement. Ils avaient donc et l'indépendance qui résultait de la propriété de leurs fonctions et l'instruction, l'expérience que donnent l'habitude des affaires. Les pairs consacrés par la Charte au contraire, sans fonctions et sans vocation hors du temps des séances, étaient appelés de loin en loin à statuer sur les parties les plus importantes de la législation et sur les délits d'État les plus graves.