La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

L'HÉRÉDITÉ DE LA PAIRIE 297 comme soutien de la nouvelle pairie ne nous assure que des ressources équivoques et ineflicaces. » Mais il s’en remet à l'avenir, espérant voir les pairs, par la manière dont ils s’acquitteront de leurs fonctions, dissiper des préventions jusqu'ici plus déplorables qu'injustes (1). L'existence a peine remarquée de la pairie de 1814, au reste, n'ayant « ni excité l'envie, ni provoqué l’irritation (2) » tend à prouver que l'expérience est légitime.

Surtout il voyait dans une magistrature héréditaire une barrière de plus contre l'autorité de Napoléon : « Et je cherchais partout des barrières », dit-il. D'autres moins désintéressés poussaient l'Empereur à en prendre la résolution. « Il est triste de le reconnaître, mais impossible de le nier, dit Benjamin Constant : la passion de l'égalité se concilie dans beaucoup d'hommes avec le goût des distinetions qu’on leur offre ; et le régime impérial avait accoutumé trop de gens à tolérer les privilèges quand ils en jouissaient. »

« Napoléon hésitait : « La Pairie est en harmonie avec « l’état présent des esprits; elle blessera l’orgueil de l’ar« mée, elle trompera l'attente des partisans de l'égalité, «_ ellesoulèvera contre moi mille prétentions individuel-

(1) Cours de politique constitutionnelle, Paris 1872, t. I, note H, p. 308.

(2) Benjamin Constant. Mémoires sur les Cent-Jours, 2e partie, lettre V, p. 55, 68.