La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

L'HÉRÉDITÉ DE LA PAIRIE 299 « d'appui; mais un ballon est le jouet d’une seule force ; « le point d'appui lui manque, le vent l'emporte et la « direction est impossible. »

Une secrète inclination enhardissait encore son vœu dès lors affranchi, « une faiblesse de cœur », obser« vait Benjamin Constant, qui ne fut pas sans in« fluence sur ses résolutions : 1] éprouvait une certaine « joie quand un de nos grands seigneurs passait à son « service. {lui semblait qu'il en était souverain plus légitime lorsque les colonnes de la légitimité entouraient « son trône. » Et Benjamin Constant poursuit : « La « pairie lui sembla done un moyen de reconquérir, « dans un temps quelconque, cette noblesse qu'il « regrettait, cette noblesse dont il avait dit lui-même, « qu’elle seule savait servir avec grâce, et qui après « tout, car il faut être juste, ne l’avait abandonné que « lors de ses revers (1). Il fut même tenté de compren« dre immédiatement dans sa pairie nouvelle un grand « nombre d'anciens nobles, et ce ne fut qu'après une « hésitation longue qu’il s’écria non sans tristesse : «Il « faudra pourtant y revenir une fois ou une autre, « mais les souvenirs sont trop récents ; ajournons cela « jusqu'après la bataille ; je les auraï bien si je suis le « plus fort; en attendant laissons une porte ouverte :

A

(4) «....de là une certaine absence d'abandon et une difficulté de causer sérieusement que j'ai toujours peine à surmonter, » Benjamin Constant sur lui-même, dans Adolphe.