La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

COMPOSITION DE LA NOUVELLE CHAMBRE 9303

Tout académique qu'il fût, cet argument s’adressait plutôt à la pairie de l'avenir ; et le gouvernement des Cent-Jours, comme celui de la Restauration, s'embarrassait peu d’hypothèses quand ses choix étaient si déterminés. Les nominations des titulaires parurent le 5 juin (1); treize jours seulement séparaient l'Empire du désastre de Waterloo. Napoléon avait eu plus grand souci d'installer dans la Chambre des pairs des partisans dévoués, que d'y assurer la représentation aristocratique des générations futures.

L'Empereur n'avait pu conserver la plus grande partie des sénateurs qui l'avaient abandonné. Les « illustrations de son règne », et elles étaient essentiellement militaires, devaient être nécessairement appelées ; et il importait d'y joindre des représentants de l’ancien régime, « ceux qu'il sentait le besoin de récompenser, et ceux qu'il craignait trop pour les mécontenter » (2).

Une trentaine d'anciens sénateurs, qui avaient voté l’acte de déchéance, furent appelés à la pairie, avec vingttrois pairs désignés déjà par Louis XVIIT. De hautsdignitaires, des fonctionnaires, quatre archevêvêques, se mêlaient à d'anciens membres des assemblées révolution naires et à des représentants de l’aristocratie départementale des collèges électoraux. Mais le grand nombre

(1) Elles étaient datées du 2 juin. V. Napoléon, Correspondances, n° 21998. (2) Pasquier. Mémoires, 1. LL p. 222.