La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

304 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES des officiers, qui occupaient la moitié des sièges, inquiéta l'opinion.

Fleury de Chaboulon y voyait « un assortiment complet d'anciens nobles, de sénateurs, de généraux, de propriétaires, de négociants, d’industriels ». — « L'aspect en était imposant et noble, remarquait Villemain (1), comparé surtout au tumulte et à la déclamation de la Chambre des représentants. »

Mais ce n’était pas le plus solide rempart qu'on püût imaginer, que cette assemblée des plus fidèles adhérents de toutes les époques, que cette réduction peut être exacte, mais assurément incohérente, d'une société où se heurtaient les débris de la Révolution, de l'Empire, et de la Contre-révolution interrompue.

Inquiet de la majorité libérale dont les élections avaient peuplé la Chambre basse, Napoléon ne se faisait pas grande illusion sur la puissance des pairs. « Com « ment, disait-il, voulez-vous que ma Chambre des pairs « défende la couronne ? C’est moi qui serai forcé de la « défendre contre la Chambre des représentants. »

Sans force elle était sans confiance. Les uns, les généraux, voyaient l'Europe réconciliée, coalisée, se préparer à jeter par un suprème effort qu’elle estimait décisif, et dans une guerre sans merci, un million d'hommes contre les 180.000 soldats de l'Empereur. «A

l'heure du péril ils seront les premiers à se décou-

(1) Souvenirs contemporains, 1855, t: IT, p. 239.