La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

306 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

sous les fourches caudines que les étrangers veulent nous faire passer. »

Après quelques séances occupées par la discussion du règlement, l'opposition s’essaye à la résistance. Mais ni l’éloquence des orateurs, ni l'éclat de leurs noms, ne parviennent à émouvoir l'opinion indifférente. Nul, quand éclate le cri de deuil de Waterloo, ne s’informe de ce que décideront les pairs; eux-mêmes ne savent que s'étonner, Au Luxembourg, le 21 juin, une salle « désolée, presque vide », où court € un murmure à demi étouffé », fait écho aux exigences des députés. La Chambre des pairs s'oublie jusqu’à stipuler une sauvegarde personnelle que la dignité irrévocable de ses membres rend inutile (1). Le lendemain, quand Carnot y lit l'acte d’abdication, un grand trouble et quelques hésitations sont le. dernier hommage de la peur au crime. Tandis que le ministre achève la lecture d’un rapport sur l’état de la défense, rompant son discours grave et lent, une voix brusque jette : « Tout cela est faux; tout

(1) «L'Assemblée, d’ailleurs, était peu nombreuse, rapporte Villemain qui, témoin de ces dernières séances, en consigna jusqu'aux moindres détails, et à part les généraux retenus encore par la courte et funeste campagne de Belgique, dans ce premier moment de déroute et de secrets conciliabules, beaucoup d'hommes considérables étaient absents de la Chambre, ou ne faisaient que la traverser, pour prendre Pair du bureau el aller chercher ailleurs des nouvelles plus décisives. »

VILLEMAIN