La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

308 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

triomphait : ordonnance du 19 août 1815 se résigna à déclarer transmissibles, de mâle en mâle par ordre de primogéniture tous les sièges de la pairie, et à sacrer la cohue. Cette dernière évolution n’était pas moins logique que celle qui avait attribué au Sénat conservateur renaissant les prérogatives de l{cte additionnel : àl'hérédité de la monarchie, il fallait, en effet, l’analogie de l’hérédité des fonctions de noblesse. Comment, en outre, empêcher les descendants des ducs et pairs nommés en considération des privilèges de leur race, de transmettre eux-mêmes des droits ainsi légitimés? Puis, la pairie étant fondée et sur la gloire des titres et sur l'étendue des propriétés, ne fallait-il pas lier le sort de la dignité à celui du nom et de la terre ? (1) Mais il n’était pas moins fatal que ce développement nécessaire aboutit à une contradiction : celle de la reconstitution des pouvoirs familiaux dans une société égalitaire. |

Dès 1831, l'hérédité sera abolie, précédant de moins de vingt ans l'effondrement de toute cette institution. Benjamin Constant, devenu sceptique, n’avait-il pas dit: «La pairie, quand elle existe peut subsister. mais si elle n'existait, je là soupconnerais d’être impossible » ? Le Journal général de la France, le 5 jan-

(1) De là aussi l'ordonnance du 25 août 1817 qui subordonne la nomination des pairs à l'institution d’un majorat ; la loi du 17 mai 1826 sur les substitutions; et le projet de loi sur le droit d’aînesse, repoussé par la Chambre des pairs le S avril de la même année.