La révolution française à Genève : tableau historique et politique de la conduite de la France envers les Genevois, depuis le mois d'octobre 1792, au mois de juillet 1795
Ê4 ‘906 1
Genève, le berceau du Proteftantifine. Bientôt après la diflolution de l’Affemblée Nationale, où il s'était trouvé réduit à l’honneur du fecond rôle, il abdiqua fon miniftère évangélique, pour fe faire élire Procu= reur-Général, Magiïftrature éminente qui l'inftituait Défenfeur Spécial des loix de Genève, & qui, lorfque celles-ci étaient violées, ou menacées de l’être, l’autorifait à forcer la porte du Confeil Exécutif pour lui faire des Remontrances.
Dans uneoccafñon affez femblable, & non moins péril'eufe, l’un de fes prédécefñeurs, le ProcureurGénéral Dx Roveray, lui en avait donné l’exemple, en dénonçant avec éclat, au Gouvernement, la confpiration que le Comte de Vergennes trâmait contre les loix de Genève, & qu’il commença à accomplir en exigeant impérieufement la deftitution de c: Magiftrat. ÆAnfpach, qui n’a pas ofé limiter, ne ceffe cependant point encore de parler de fon énergie romaine, quoiqu’on en ait eu la jufte mefure depuis la révolution de 1792; car ce patriote, jufques-là fi intrépide, lorfqu’il réclamait les droits du peuple en préfence du peuple, n’a plus été qu’un magiftrat faible, toutes les fois qu’il s’eft agi de ramener ce peuple à fes devoirs, ou de l’arrèter dans fes écarts, Il eft même un de ceux qui ont le plus contribué à paralyfer les magiftrats révolutionnaires en leur oppofant fouventla maxime favorite des Girondins : @4’5/ ferait trop dangereux de s'expofer à irriter un parti violent. Maxime pufñllanime qui caufa leur défaite, &qui produifit à Genève ainfi qu’en France le triomphe fanglant du Jacobinifme,