La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 125

pur, M. Charles Maurras, a rappelé (1) qu’un jour (il y a de cela des années) j'’acceptai l'étiquette de fédéraliste : il est vrai, sous de certaines conditions. J'avoue qu'à présent l'étiquette m'effraierait.

M. Charles Maurras a beau nous assurer que l'adhésion au fédéralisme peut mettre d'accord un instant et sur ce point précis — « les individualistes et les socialistes, les traditionalistes et les anarchistes », j'ai de la méfiance. J'ai de la méfiance, parce que je vois bien où commence l'adhésion, mais que je ne vois pas où elle finit, ou plutôt parce qu’elle finit, en bonne logique, où je sais que je n'irai pas.

Plus j'ai réfléchi, et c’est l’étude de l’histoire qui m’a fait le plus réfléchir, particulièrement l'étude de l’ancien régime et de la Révolution, plus je suis devenu prudent sur un sujet qui touche aux plus graves questions économiques et nationales.

D'ailleurs, à l’époque même où me reporte M. Charles Maurras, mon fédéralisme se distinguait nettement de celui des « provincialistes et traditionnistes » ; car M. Maurras, dans la Cocarde de M. Maurice Barrès, soutint contre moi — et contre M. Clemenceau — « la thèse traditionniste dans sa pureté ».

M. Clemenceau et moi, lui dans la Justice, moi dans Gil Blas, nous tenions en effet, le même

(1) L'Idée de la Décentralisation, 1898.