La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET L'ÉGLISE 49

vain toujours maitre de sa langue et de son style.

Après cinq ou six pages sur les ordres monastiques, — je parlerai tout à l'heure de ces ordres et de leur suppression par la Constituante et la Législative, — voici la page à la fois subtile, furieuse, et forte en apparence, que nous devons lire avec soin :

En tout cas, si l'État les exproprie, eux et les autres corps ecclésiastiques, ce n’est pas lui qui peut revendiquer leur dépouille. Il n’est pas leur héritier, et leurs immeubles, leur mobilier, leurs rentes ont, par nature, sinon un propriétaire désigné, du moins un emploi obligé. Accumulé depuis quatorze siècles, ce trésor n’a été formé, accru, conservé qu'en vue d’un objet. Les millions d'’âmes généreuses, repentantes ou dévouées, qui l'ont donné ou administré, avaient toutes une intention précise. C'est une œuvre d'éducation, de bienfaisance, de religion, et non une autre œuvre qu’elles voulaient faire. Il n’est pas permis de frustrer leur volonté légitime. Les morts ont des droits dans la société, comme les vivants; car, celle société dont jouissent les vivants, ce sont les morts qui l'ont faite, et nous ne recevons leur héritage qu'à condition d'exécuter leur testament. — Sans doute, quand ce testament est très ancien, il faut l'interpréter largement, suppléer à ses prévisions trop courtes, tenir compte des circonstances nouvelles. Une fondation ne se perpétue qu'en se transformant. — Mais si, dans l'institution primitive, plusieurs clauses accessoires et particulières deviennent forcément caduques, il est une intention générale et principale qui, manifestement, reste impérative et permanente, celle de pourvoir un service distinct, charité, culte, instruction. Changez, si cela est nécessaire, les administrateurs etla répartition du bien