La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

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féminines qui rendaient encore des services, par l’enseignement ou par la charité, n'étaient, certes, pas impopulaires ; mais les autres? Le moine, ordinairement fainéant, jouisseur, avide et avare, était généralement détesté ; et si le clergé séculier (évêques, curés et vicaires) comprenait environ soixante-dix mille membres, il y avait bien vingttrois mille moines sur ces terres et dans ces bâtiments de mainmorle qu’il importait de rendre à la vie commune, au vivant droit commun. Contre eux, la Révolution pouvait donc « y aller », comme on dit. Elle « y alla » d’abord, le 13 février 1790, par un décret dont voici le premier article :

La loi constitutionnelle du royaume ne reconnaîtra plus les vœux monastiques solennels de personnes de l’un nide l’autre sexe ; déclarons en conséquence que les ordres et congrégations régulières dans lesquels on fait de pareils vœux sont et demeurent supprimés en France, sans qu'il puisse en être établi de semblables à l'avenir.

Ce premier article, il est vrai, était curieusement émoussé par les deux autres : car le second exceptait du décret — provisoirement sans doute — les « maisons chargées de l'éducation publique » et les « établissements de charité » ; il promettait aux religieux qui se défroqueraient « une pension convenable » et permettait à ceux qui voudraient garder le froc de se réunir dans les maisons qu’on leur indiquerait ; et le troisième exceptait