La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION ET L'ÉGLISE 65

ils la diront plus longtemps, si on les empêche de la dire. Celui qui veut les empêcher est plus fanatique que celui qui dit la messe. Il est des hommes qui veulent aller plus loin, qui sous le prétexte de détruire la superstition, veulent faire une sorte de religion de l’athéisme lui-même. Tout philosophe, tout individu peut adopter là-dessus l'opinion qu'il lui plaira. Quiconque voudrait lui en faire un crime est un insensé; mais l’homme public, mais le législateur serait cent fois plusinsensé, qui adopterait un pareil système. La Convention nationale l’abhorre... Ce n’est point en vain qu'elle a proclamé la Déclaration des Droits de l'Homme en présence de l'Étre suprême. On dira peut-être que je suis un esprit étroit, un homme à préjugés ; que sais-je ? un fanatique. J’ai déjà dit que je ne parlais ni comme un individu, ni comme un philosophe systématique, mais comme un représentant du peuple. L’athéisme est aristocratique. L'idée d’un grand Être qui veille sur l'innocence opprimée et qui punit le crime triomphant est toute populaire. (Vifs applaudissements.) Le peuple, les malheureux m'applaudissent. Sije trouvais des censeurs, ce serait parmi les riches et parmi les coupables. Si Dieu n'existait pas, il faudrait l’inventer. »

Il s'est entendu avec Danton, et la Commune va reculer. C’en est fait d’une tentative qu’on peut trouver extravagante ou odieuse, ou l’une et l’autre, et qui, à coup sùr, était prématurée, follement pré-

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