La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

66 LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

maturée, mais quin'’en demeure pas moins, vue de haut, la plus originale de la Révolution, en un sens. Le discours de Robespierre, puis, l’année suivante — après l’exécution d’Hébert et des Hébertistes (et celle de Danton et des Dantonistes), — la fête de l’Être suprème (20 prairial an 41, ou 8 juin 1794), c’est déjà de la réaction.

Le dieu abstrait de Robespierre sera, pour ainsi dire, le fourrier du Dieu vivant de l'Église. Derrière ee froid déisme philosophique, le catholicisme prépare sa rentrée. Et, lorsque la Convention séparera enfin l’Église de l’État, ce sera au profit et, d’ailleurs, sous la pression d’un mouvement religieux irrésistible. Les églises, fermées pour la plupart en 93 et 94, se rouvraient comme d’elles-mêmes, ou bien, de vingt côtés à la fois, on en demandaït la réouverture. Le décret de séparation fut accueilli avec enthousiasme parce qu’il abolissait ipso facto la Constitution civile du clergé et dépouillait de son caractère officiel le culte agonisant de l’Être suprême.

C’était, du reste, une vraie séparation.

L'exercice d’aucun culte ne peut être troublé, disait le décret. La République n’en salarie aucun. Elle ne fournit aueun local, ni pour l'exercice des cultes, ni pour le logement des ministres. Les cérémonies du culte sont interdites hors de l’enceïnte choisie pour leur exercice. La loi ne reconnaît aucun ministre du culte. Nul ne peut paraître en public avec les habits, ornements ou costumes