La Serbie

LA SERBIE °

4 Dimanche, 25 Novembre 1917 - N° 47 D EE RFO PS pe ee ee NE CLOUS UN oO n it PER RUE RARE QUE RAGE EE EE RE 0 EE

L’ « Edinost » du 25 septembre est plus explicite encore ::

« Suivant l'exemple tchèque, dit le journal triestin, la déclaration yougoslave est également pour notre peuple un programme minimum. »

Le « Slovenski Narod » du 25 septembre conclut ainsi:

« Comme on le sait, tout notre peuple considère que la déclaration yougoslave du 30 mai ne constitue qu’un. programme minimum. Les revendications que contiennent ces déclarations constituent le minimum de ce que nous voulons et de ce que nous devons obtenir. »

L'union yougoslave et les Magyars

L’ «Agramer Tageblatt » du 6 octobre reproduit un article publié par le « Budaesti Hirlap » contenant des déclarations ormelles faites par le Dr Koroëec, président du Club yougoslave :

« Nous voulons, a dit Korosec, un Etat indépendant qui comprendra tous les Slovènes, tous les Croates et tous les Serbes de la Monarchie. Nous repoussons le mot «trialisme », car ce qu’il signifie n’est pas en harmonie avec notre point de vue. La Croatie, la Slavonie et la Dalmatie doivent non pas s'unir sous la couronne de SaintEtienne, mais consituer un Etat yougoslave sous le sceptre des Habsbourg en réunisSant les autres pays yougoslaves.

Les députés yougoslaves ne peuvent pas soutenir le gouvernement autrichien parce qu'il tient fermement à ses principes centralistes et ne veut les adoucir qu’avec les autonomies des nationalités. Un abîme immense sépare le point de vue du gouvernement et celui que nous avons exposé dans notre déclaration du 30 mai. »

Koro$ec a exprimé l'espoir que les Magyars consentiront, grâce à l’évolution, à adopter le point de vue exprimé dans les revendications yougoslaves, tchéco-slovaques, polonaises et ruthènes et il a ajouté:

«Il y a six mois l’on pouvait à peine rêver que les Allemands autrichiens seraient disposés à permettre à leurs nationalités de simples autonomies. Mais qui parle donc aujourd’hui d’autonomies ? Passez dans six mois et nous en reparlerons. »

Le « Budapesti Hirlap » s'élève avec véhémence contre ces idées et ajoute qu'il faudrait déclarer la guerre à la Hongrie avant de réaliser ces projets.

Un document sur la catastrophe serbe

M. Tony Roche écrit dans le « Genevois » du 11 novembre:

« Lorsque, en août 1915, la Serbie, qui était certaine que la mobilisation bulgare s’exécutait contre elle, demanda au Quaid'Orsay permission de prévenir le geste menaçant avant qu’il ne devînt redoutable, et que le Foreign-Office eut répondu au Quai-d’Orsay qu'il fallait que la Serbie se donnât garde de bouger puisque la Bulgarie mobilisait pour les Alliés — Ja Consulta laissa-t-elle les chancelleries anglaise et française s’enlizer dans cette grossière et incroyable erreur. Pourquoi ? Poser la question, c’est encore y répondre. Quelle puissance devait être le noyau du futur Etat yougoslave ? La Serbie.

À quoi la « Gazetta Ticinese » réplique que l'Italie fut loyale puisque ce fut elle qui avisa Paris et Londres des véritables intentions bulgares, et qu’il ne fut pas de sa faute que ses alliés ne l’eussent pas écoutée. Notre confrère est dans l'erreur. Ce n’est pas l'Italie qui donna cet avertissement à Paris, mais bien la Roumanie. Ce, dès avril 1915.

Des douaniers roumains avaient découvert, dans des bagages soigneusement examinés à la gare frontière de Prédéal, une copie du traité germano-bulgare. Cette copie fut transmise à Bucarest; après l’avoir communiquée au Conseil des ministres, M. Bratiano en saisit M. Blondel, ministre de France à Bucarest. A son tour, M. Blondel prévint M. Delcassé, alors ministre des affaires étrangères de France. Selon son habitude, M. Delcassé demanda lavis du Foreign-Office, et il fut finalement conclu que ce prétendu traité devait être un faux destiné à abuser les Alliés sur les véritables intentions de la Bulgarie! Voilà la version, que j'ai tout lieu de croire authentique, de ce formidable incident qui fut la préface à l'effondrement de la politique de l’Entente dans les Balkans.

Revenons à septembre 1915, c’est-à-dire à la mobilisation bulgare. On a vu la Serbie conviée de se tenir tranquille, cette mobilisation n'étant pas, selon le ForeignOffice, dirigée contre elle. L'événement allait remontrer, hélas! que la Serbie avait vu juste ; attaquée à la fois par les Bulgares et les Austro-Allemands, elle devait être écrasée en quelques semaines, anéantie serait mieux dire. »

L'Autriche et

la question de la Pologne

— Une discussion au Parlement autrichien —-

Le 9 novembre les députés de différents partis ont déposé au Parlement autrichien sept interpellations urgentes au sujets de la question polonaise. (AE

La discussion qui s’en suivit, a été du plus haut intérêt. !

Le député Adler a développé l’interpellation des socialistes allemands :

“ Le plan du comte Czernin menace sérieusement la paix. Il rencontrera une très grande résistance de la part de l'Entente. Si la Pologne est unie à l'Autriche, l’Allemagne voudra sûrement s’incorporer la Courlande et la Lithuanie. Avec la Courlande, la Russie perdra son seul port libre de glaces. »

Wolff (Allemand): «Est-ce le devoir des socialistes allemands d’y penser ? »

Jerzabek (chrétien-socialiste): «Cette interpellation devrait être faite à la Douma !»

Adler continue : i

« La condition nécessaire à la réalisation de ce plan, c'est que la éoalition adverse soit vaincue. Les peuples autrichiens devront donc continuer la guerre pendant encore une année, peut-être même pendant plusieurs années, pour que l’empereur d’Autriche puisse être roi de Pologne.

«Le plan du comte Czernin est dirigé contre la démocratie. Au lieu de reconnaitre aux Polonais, aux Lettons, aux Lithuaniens le droit de décider eux-mêmes de leur constitution, les puissances centrales leur imposent la monarchie.»

Le député Petruszewicz développe l’interpellation des Ruthènes :

« Déjà avant la guerre aucun peuple autrichien n’a autant souffert que le peuple ruthène. Il s’est vu, dès les premières journées de l’époque constitutionnelle, privé des droits civils’ les plus élémentaires par les ordonnances royales déclarant le polonais langue officielle et instituant les écoles polonaises. Ce sont les Ruthènes qui ont été le plus lourdement frappés par la guerre. Ils espéraient qu'après la guerre leur situation s’améliorerait.

« Inquiétés par les premiers bruits qui avaient couru d’une solution de la question polonaise, ils se sont rendus, le premier du mois courant, auprès du comte Czernin auquel ils ont demandé des éclaircissemenits. Czernin leur déclara formellement que cette question ne serait pas résolue avant la conclusion de la paix. Le lendemain, cependant, il partait pour Berlin dans le but de négocier. La véritable situation est devenue subitement claire. Les négociations menées depuis des mois ont abouti à une décision définitive : les Ruthènes doivent être livrés au royaume des Polonais.

« Cependant les Ruthènes n’ont pas perdu tout espoir ; les conditions de paix ne seront pas dictées seulement par les puissances centrales. Les représentants d’autres peuples auront à dire leur mot et probablement aussi les représentants du peuple ruthène. Non seulement nos frères, mais aussi les représentants d’autres peuples, méme des peuples contre lesquels combattent actuellement nos soldats », prendront notre défense contre la violence.

Le député Koro$ec développe l’interpellation des Yougoslaves.

« Le partage de la Pologne entre la maison des Habsbourg et celle des Hohenzollern, constituerait une menace permanente pour la paix européenne, car les parties non libérées de la Pologne graviteraient, naturellement vers celles qui jouiraient de la liberté, et inversément le royaume de Pologne renoncerait probablement pour la forme et pendant un certain temps aux régions polonaises de la Prusse mais jamais au fond et pour toujours. Les Yougoslaves Sont animés de la plus grande sympathie pour la cause du peuple polonais. Après la déclaration d'hier du comte Czernin, les puissances centrales ne considéreraient pas comme exclue la solution immédiate de la question de Pologne. Il va sans dire que l'Autriche, avec le consentement des milieux constitutionnels, peut céder la partie polonaise de la Galicie et l’unir à la Pologne russe libérée. Et la Prusse aurait la faculté de faire de même avec la Posnanie. Pourtant, prendre déjà à présent des dispoSitions unilatérales concernant la Pologne russe signifierait simplement que le comte Czernin et le gouvernement allemand ont repoussé l’idée d’une paix d'entente, et avec elle, la possibilité d’une conclusion de paix à bref délai.

« D’après des informations de Berlin, la Galicie serait cédée à la Pologne qu’on veut créer. Le comte Czernin n’a pas nié ce fait. Les Polonais doivent comprendre

qu’une telle solution ne peut nous laisser indifférents. Si l’on ne procède pas à d’autres remaniements de l’Empire, un pareil acte amènera les Ruthènes à constituer une minorité dans le royaume de Pologne, et les Yougoslaves et les Tchèques, une autre minorité dans le reste de l’Empire. Nous serions condamnés à subir éternellement le joug de la bureaucratie dans les pays de la couronne, ainsi que le militarisme ‘et la germanisation systématique et outrancière. Nous désirons la solution de la question polonaise, mais en même temps et conjointement avec celle des questions yougoslave, ruthène et tchèque. Nous voulons la libération non seulement des Yougoslaves autrichiens, mais aussi des Vougoslaves hongrois. C’est pourquoi le dualisme doit tomber, car il constitue la base de la suprématie de deux peuples. Les peuples qui ont la même langue et le même sang doivent être unis et obtenir leur indépendance, sans ingérence d’au-

‘cune domination étrangère. »

Le député Stanek développe ensuite l’interpellation des Tchèques :

« Les Allemands veulent accorder à tous les peuples le droit de disposer d'eux-mêmes, sauf aux peuples qui en Hongrie et en Autriche sont opprimés et maltraités par eux et les Magyars.

Le peuple tchèque n’a pas attendu les impulsions du dehors pour proclamer le droit du peuple de disposer de lui même. Il a posé ce principe déjà en 1870. Le peuple tchèque regretterait vivement si les peuples slaves mavaient pas autant de bon sens pour écarter de suite toutes les dissensions qui pourraient surgir entre eux.

Nous vivons à une époque où les peuples slaves de la monarchie austro-hongroise peuvent tout gagner ou tout perdre. Les Polonais veulent-ils que par leur faute on arrive à ce second résultat ? Veulent-ils se présenter à la conférence de la paix chargés d’un tel crime ? »

« Nous faisons appel aux Polonais, pour déclarer ici ouvertement, dans l'enceinte de ce Parlement, que le même droit doit être accordé aux Ruthènes, Les Polonais veulent-ils commettre la faute que nous avons commise si longtemps en abandonnant les: Slovaques en Hongrie sans aucun secours de notre part? Malheureusement nous n'avons que trop peu protesté à ce moment contre le dualisme, cette forme néfaste, dont les Allemands eux-mêmes commencent à ressentir les conséquences maintenant qu'ils n’ont rien à manger. Les Slaves autrichiens sont obligés de rester unis afin que tout le monde puisse voir que les Slaves, avec d’autres peuples non-allemands, possèdent la majorité dans la monarchie. Entravé par le dualisme, l'Etat n’est pas à même d’organiser ses peuples au point de vue étatique. En Hongrie, le dualisme incarne l’idée de la barbarie nationale et politique. Tous les organes de l'Etat ainsi que tous ceux des comitats autonomes, recrutés parmi la noblesse constituent une vaste organisation pour la dénationalisation de tous les peuples nonmagyars. Grêce à une loi électorale fanatique et arriérée les Magyars ont exclu de l'Etat la majorité non magyare et l’ont privée de toute influence sur les affaires générales : cinquante pour cent de peuples non-magyars sont représentés par sept pour cent de députés nationaux. En vertu d’un ordre supérieur, on a constitué en Hongrie un gouvernement ayant pour tâche de procéder à la réforme électorale. Cependant, cet ordre a été exécuté de telle façon que les 7 pour cent de représentants non-magyars ont été réduits à 4 pour cent. Est-il possible que, dans l'entourage de l’empereur, il n’y ait personne pour l’infor, mer de cette honteuse situation. »

Soukup : «Nous parleronsici de la Hongrie et personne ne pourra nous l’interdire.

Stanek: « Vous oubliez que les discours prononcés ici sont peut-être confisqués pour Sa Majesté même. Tout est possible dans les circonstances actuelles et surtout quand il s’agit de la Hongrie. Les Magyars se permettent de négocier avec notre gouvernement et de demander des mesures, grâce auxquelles on pourra peut-être nous pendre, si nous osons parler ici en plein parlement contre l'intégrité de l'Etat magyar. Tout homme ayant le sentiment de la justice doit reconnaître avec nous que l’oppression des peuples non privilégiés par les Magyars et les Allemands ne peut plus durer, et que les Magyars doivent accorder à leurs peuples le droit de disposer d’eux-

mêmes. Le gouvernement actuel de la Hongrie et son système de politique nationale constituent la seconde et la plus. grande cause de la guerre mondiale, en même temps que le plus grand obstacle à la conclusion de la paix. En demandani l’incorporation à l'Etat tchèque des Slovaques, nous n’accomplissons pas seulement un devoir national, mais aussi un devoir humanitaire et un devoir pacifique. On ne saurait concevoir aucune paix, ni aucune transformation de l’Europe, tant qu'à Vienne et à Budapest, le dualisme s’opposera à toute dissociation raisonnable de cinq peuples petits ou moyens, tant que sur les ruines de l'Etat dualiste ne s’épanouiront pas des Etats nationaux. Il faut abolir le gouvernement de violence des Allemands et des Magyars.

Si nous voulons conclure la paix nous devons dire sincèrement et ouvertement quelles doivent en être les bases et ce qu’on pense faire pour assurer l'avenir des peuples de l’Autriche. Ceci ne concerne point la diplomatie secrète, mais les corps législatifs. Ces corps devraient toutefois être élus d’une autre façon que les représentants qui composent aujourd’hui le parlement autrichien et surtout le parlement hongrois. »

Soukup (socialiste tchèque):

« Les social-démocrates ne s'opposent pas à la réalisation d’un Etat polonais indépendant et souverain. Cependant l’instauration d’un Etat polonais ne doit pas avoir lieu par la grâce du monarque et des diplomates, mais elle doit naître de la libre entente entre les peuples. Lorsqu'il s’agit de questions nationales, il n’y en a aucune qui puisse être séparée. Il s’agit de l’ensemble de toutes les questions qui doivent êtres résolues « uno actu », sans quoi, au lieu d’avoir l’ordre, nous créerons le chaos. Y a-t-il quelqu'un pour croire que le peuple tchèque puisse être laissé de côté au cours de cette guerre et que l'Etat tchèque constitue une impossibilité ? Est-il possible que les Slovaques puissent continuer à vivre dans la geôle magyare ? Personne ne peut croire que le peuple tchèque reconnaîtra pour toujours les frontières magyares. C’est le cœur serré que le peuple tchèque regarde ce qui se passe en Hongrie.

Lorsqu'il est question des buts et’ des conditions de la paix, on doit‘parler de tous ces problèmes. »

LES ÉVENEMENTS DANS LES BALKANS

LA BULGARIE La servilité bulgare à l'Allemagne

Le « Mir » du 13 octobre écrit: « La Bulgarie ne peut que se sentir particulièrement flattée par celles des paroles du Kaïser qui traitent des liens d’armes fraternels que la guerre a créés. Qui parmi les Bul-

gares aurait pu penser, non pas il y a qua-

rante ans, quand tout notre peuple se trouvait en esclavage, mais seulement il y a cinq ans avant les guerres balkaniques, que la Bulgarie aurait l'honneur de voir le kaiser même, le chef de la puissante et grande Allemagne rendre visite à la cour bulgare et déclarer que les rapports des Allemands et des Bulgares sont des rapports entre « frères » qui ont un même besoin du «secours mutuel », qui sont exposés au danger commun et aux mêmes privations et qui après des victoires acquises en commun ne cesseront pas d’être indissolublement liés comme des frères !

« En effet, quelle différence entre ce langage et celui que nous étions accoutumés à entendre avant 1912. Nous apprécions hautement cette tendre attention à l'égard de la Bulgarie. Elle contribue non seulement à aftermir les liens entre les deux peuples, mais aussi à élever notre patrie aux yeux du monde entier et lui assurer la position à laquelle le peuple bulgare a pleinement droit après tant de si Brillants SuCcès. »

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\ Un mariage serbo-belge

Le 19 novembre a été célébré à Berne, dans ja plus stricte intimité, le mariage de M. Todor Ristitch premier secrétaire à la Légation de Serbie en Suisse, avec Mile Pera, fille de Mme et M. le baron de Groote, ministre de Belgique en Suisse. La cérémonie a eu lieu à l'église catholique, suivie d’une cérémonie orthodoxe à la Légation de Serbie.

Les témoins de M. Ristitch étaient: M. Grouitch, ministre de Serbie, M. le Dr. Srchkitch, membre à la Diète de Bosnie, membre du Comité Yougoslave: ceux de Mile de Groote : M. le comte Asiche et M. le général belge Xhardez, chargé du service de l'internement,

Nous adressons aux jeunes époux nos vœux les meilleurs,

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Imprimerie Reggiani, Place du Cirque

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