La Serbie

à Sombor, pour les élèves des deux sexes. Quant aux écoles réales, d'agriculture, professionnelles et de commerce, les Serbes n’en ont pas une seule en Hongrie. Les Serbes avaient fondé une école professionnelle en 1904, mais les Hongrois la firent fermer quelques mois après. Dans des écoles primaires on enseigne le magyar déjà à partir de la seconde classe, et depuis la guerre l'alphabet cyrillique est Supprimé aussi dans toutes les écoles. Et comme la langue hongroise est en général étrangère aux enfants serbes, il est tout à fait comipréhensible que le succès dans ces écoles soit insignifiant et le nombre des illettrés grand. Les inspecteurs de l'instruction publique sont exclusivement des Hongrois et les examens dans les écoles se font en hongrois. On n’enseignait que le catéchisme en serbe, mais le grand magyarisateur, le comte Apponyi, veut supprimer le serbe aussi dans cette matière. Les instituteurs sont tenus de passer les examens en magya les professeurs examinent de telle açon qu'il est réellement impossible de devenir maître.

Les Serbes en Hongrie n’ont ni institutions économiques, ni entreprises industrielles ou financières. Avant la guerre, on publiait en Hongrie 30 journaux serbes. Tous ces journaux ont été suspendus au cours de cette guerre. Aussi le plus grand nombre des intellectuels serbes ont été internés et déportés au cours de cette guerre. Une partie des internés ont recouvré la liberté par l’amnistie générale, mais un grand nombre de Serbes de Hongrie sont encore dans les prisons. »

Une fête de la solidarlté tchéco-yougoslave

Le dimanche 4 novembre, la Colonie tchèque de France organisait une matinée en l'honneur des Yougoslaves. La cérémonie, présidée par M. Louis Martin, sénateur du Var, s’est déroulée devant un public aussi distingué que nombreux. Parmi les assistants, on remarquait M. Ernest Gay, ancien président du Conseil municipal de Paris ; M. Ernest Denis, professeur à la Sorbonne; M. Bonnet-Maury, professeur à la Faculté de théologie protestante ; M. J. de Giulli, secrétaire du Comité yougoslave; M. Popovitch, secrétaire de la Légation royale de Serbie; M. A. Radovitch, ancien président du Ministère monténégrin ; M. Ed. Benès, secrétaire général du Conseil national des Pays tchèques, et de nombreuses personnalités françaises, yougoslaves et tchèques. En quelques mots éloquents, le sénateur Martin dit son espoir de voir bientôt résolues par la victoire la question yougoslave et la question tchèque pour lesquelles combattent les Alliés. Il donna ensuite la parole à M. Emile Haumant, professeur à la Sorbonne, qui fit une intéressante conférence sur les Tchèques et les Yougoslaves. Le savant orateur montra ce qu'ont été dans le passé les relations entre ces deux nations sœurs d’où est sortie la féconde idée de la solidarité slave. Il dit la nécessité qu'il y a, dans l'intérêt non seulement des Slaves eux-mêmes, mais dans celui de toute l’Europe, à voir les liens d'amitié qui unissent Tchèques et Yougoslaves se resserrer plus encore dans l’avenir. De chaleureux applaudissements ont salué cette éloquente péroraison. _”

Un programme artistique, qui réunissait quelques œuvres tchèques et yougoslaves

. (musique, chant ou poésie), brillamment interprétées par le Quatuor serbe, Miles Milico Agasonovié, Yvonne Curti, G. Parodi, Nicole Aukier, Marcelle Fargue et Henriette Perrot, complétait dignement cette fête de la fraternité slave.

LA POLITIQUE EN AUTRICHE-HONGRIE

Les Croates contre l'union avec la Magyarie

Le député Stiepan Radié a critiqué au Sabor croate la politique du gouvernement et surtout la politique de la communauté d'Etat avec la Hongrie.

: « Cette communauté, a dit Radié, est désagréable au peuple croate. Elle ne constitue pas l’histoire de la Croatie, mais seu-

‘ Jement une période. Le ban et la majorité ne doivent pas céder à tout moment devant les exigences de Budapest. »

Le député critique vivement le fait que la présidence du Parlement.ait exprimé au souverain l'espoir d’une communauté d'Etat avec la Hongrie pour l’avenir. 3

« Cet acte et cette politique, s’écrie Radié, auront comme conséquence qu'aucun Croate ne sera fidèle à l'empereur. Si l’on continue à agir ainsi, je serai le premier à n'avoir pas peur des potences et à m'écrier : « À bas les Habsbourg!»

Le président du Sabor a répondu qu’on ne peut pas tirer de son discours les conclusions que Radié et Pavelié voudraient

en. tirer.

: LA SERBIE

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Les Yougoslaves contre l'Autriche-Hongrie

— Trois discours des députés slovènes au parlement autrichien —

Il

Le député Ravnihar continue :

« Les Allemands disent qu’ils ont donné le plus de victimes. Une juste statistique, non pas celle qu’on pratique dans le recensement officiel, aurait montré tout autre chose. En Bosnie par exemple, on a enrôlé pour le service militaire des gens de soixante ans, qui sur les fiches ne figurent que comme âgés de cinquante ans. Dans nos régions, on a procédé à la réquisition tout autrement que dans les régions allemandes. La statistique aurait en outre montré que le nombre de tués ou d’invalides est chez nous énorme et en dehors de toutes proportions. Des contrées entières n’ont plus d'hommes (approbations). Si nous mentionnons encore la faim, qui sévit et qui ravage l’Istrie, la Dalmatie et la Bosnie, etles dévastations des provinces pendant la guerre, nous voyons que les Allemands racontent des fables lorsqu'ils parlent des victimes qu'ils ont données.

« La politique de l’Etat se montre fausse, même dans la loi financière. Si, à quarantedeux milliards de dettes de guerre, nous ajoutons les douze nouveaux milliards pour l’année courante, nous avons un total qui dépasse la moitié de toute la richesse de l'Autriche ; cela signifie aussi que cet Ftat a succombé économiquement au cours de cette guerre.

« Nous nous trouvons donc aujourd’hui devant un véritable fait accompli. Nous avons entendu de la bouche même du président du Conseil quel est le sort préparé à nous Yougoslaves. Le président du Conseil considère que c’est pour lui une affaire liquidée. Mais pour nous, l'affaire n’est pas liquidée. Nous voulons décider nous-mêmes de notre sort. Nous déclarons encore une fois que nous restons fidèles à notre programme qui, dans la déclaration du 30 mai, n’est exprimé que comme un programme minimum. Que le président du Conseil soit convaincu que nous saurons conquérir notre place au soleil. » (Applaudissements, approbations, l’orateur est félicité). « Slovenski Narod » du 3 octobre.

Le député Rybar a prononcé ensuite un long réquisitoire contre les Allemands d'Autriche. Nous n’en donnerons ici que quelques passages caractéristiques.

« Depuis l’apparition des Slovènes dans l’Europe centrale, ce sont les Allemands qui, par le fer et par le feu, ont attaqué notre territoire, exterminant une partie de la population et subjuguant l’autre, pour en créer une classe de serviteurs. Ce sont eux qui possédaient les terres, pendant que les Slovènes étaient des serfs qui devaient payer les impôts et travailler pour le maître. A l'oppression nationale est donc venue s’ajouter l’oppression sociale, et il en a été ainsi pendant tout le Moyen Age. Les maîtres de la terre, les nobles possesseurs, ont toujours été des Allemands, entourés uniquement d'Allemands. Les Slovènes qui les servaient étaient obligés de n’employer que la langue allemande. Il est donc compréhensible que cette oppression nationale et sociale ait engendré jusqu’au temps les plus récents une haine constante. Maïs cette haine a été attisée au cours des dernières dizaines d'années. Après là révolution de 1848, après ce mouvement vers la liberté et vers les droits de l’homme, après l'abolition de la servitude, l'oppression sociale s’est quelque peu adoucie, mais, par contre, l’oppression nationale n’a fait que grandir. Un peuple possédant individuellement des droits politiques, a voulu s'élever et c’est la classe dominante des Allemands qui s’est opposée à ses progrès par tous les moyens.

Cette oppression nationale faisait souffrir naturellement le plus durement la classe des

intellectuels, qui, en possession des mêmes,

armes spirituelles que leurs voisins allemands, ne pouvaient acquérir aucun poste, ni pénétrer dans aucune classe supérieure. Aujourd'hui encore, nous sommes exclus des postes supérieurs. On nous dit que nous avons obtenu un ministre! Il semble qu’on ait voulu nous jeter un morceau de sucre pour nous faire croire que des temps meilleurs étaient venus pour nous et que nous avancerions maintenant dans les rangs des conseillers de la cour et que nous parviendrons même à obtenir le titre d’Excéllence. Non, Messieurs, nous ne sommes pas si naïfs. Nous comprenons très bien quelle signification il faut attribuer à la nomination de ce ministre. Je le répète, Son Excellence Zolger nous est personnellement très sympathique, mais nous ne considérons absolument pas sa nomination à ce poste comme la réalisation de nos vœux légitimes. Il ne

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faut surtout pas que celle-ci puisse être interprétée comme une tendance des Slovènes à participer au pouvoir.

Le paysan aussi a senti l'oppression et le mépris. Lorsqu'il payait ses impôts, il allait dans des bureaux où il n’y avait que des fonctionnaires allemands, qui se comportaient envers lui en vrais Allemands. On pourrait compter sur les doigts d’une main les préfets d'arrondissement de nationalité slovène. Là même où ils existent, ils n’osent montrer aucune sympathie pour leurs Conationaux, car immédiatement ils sont taxés de serbophiles et subissent un sort en conséquence. Dans les différents bureaux, on fait toujours sentir au paysan qu’il appartient à une nation inférieure.

L’orateur explique ensuite comment la déclaration du 30 mai a été créée. Les Slovènes réveillés politiquement depuis 1848, se sont toujours enthousiasmés, comme tous

les autres peuples, pour l'idée de la liberté

politique et de l'égalité des droits. Néanmoins la domination des étrangers a persisté et les Slovènes ont été privés de tous leurs droits politiques et nationaux et abandonnés à la merci du peuple dominateur. Il fut un temps où les représentants slovènes s’enthousiasmaient pour une autonomie locale en prenant exemple sur les Tchèques et les Polonais, mais alors ils sont arrivés à une situation pire que la première, étant donné qu'avec l'autonomie locale ils ont eu à subir l’oppression de deux maîtres : l’autorité centrale et les prétendus pouvoirs autonomes qui, de tout temps, ont été dans les mains étrangères.

Voilà comment, continue l’orateur, désillusionnés, nous devons réfléchir sur la voie qu’il nous faut adopter pour obtenir malgré tout ce qui nous appartient, pour conquérir notre indépendance. Lentement mais sûrement, la conviction s’est enfin emparée de nous tous, que nous n’avons rien à attendre de l'égalité des droits, de l’autonomie du pays ou de la commune, mais qu’il nous fallait l'autonomie nationale, et non pas seulement une autonomie nationale pure et simple, mais avec un gouvernement national et tous les droits et tous les attributs d’une indépendance d'Etat. Voilà comment nous sommes arrivés à notre déclaration. C’est très simple. Nous ne voulons plus servir. Nous ne voulons plus être dans l'esclavage, nous ne voulons plus quémander la charité des gouvernements pour chaque école, pour chaque besoin national et culturel : nous ne voulons plus prier et supplier, mais nous voulons décider nousmêmes de tous nos besoins.

On nous dit: comment pouvez-vous en ce moment ne pas donner à l’armée, qui combat pour vous sur l'Isonzo, ce dont elle a besoin? Comment pouvez-vous être sourds et aveugles envers le beau programme social et économique présenté ici par M. le président du Conseil ?

À ces reproches je répondrai par un exemple. Il est parfaitement égal au locataire de savoir si le propriétaire de la maison doit beaucoup ou peu, si sa maison est grevée d’une lourde hypothèque ou oon. L'associé .ou le régisseur ont sans doute intérêt à ce que les dettes soient payées, mais. le locataire n’a rien à y voir. Nous ne nous considérons pas dans ce pays comme des locataires, mais l’on se comporte envers nous comme envers des locataires (vives approbations) et nous luttons contre cela. Cet exemple vous montre dans quel état d’âme nous nous trouvons. On ne nous permet pas de prendre part à l’administration et à la direction; on se comporte envers nous comme envers des opprimés, comme envers ceux qu’on domine. il est naturel alors que nous nous désintéressions. Que nous importe la loi sur l'électricité, celle des mines et toutes les autres, lorsque nous devons lutter pour notre existence, lorsque nous devons assurer notre avenir? Vous n'êtes pas en état de comprendre cela, parce vous ne vous êtes jamais trouvés dans une situation telle que la nôtre. Mais nous, qui, depuis tant d'années, frappons vainement à toutes les portes; nous, qui avons constaté que nous n'avons que la liberté de prier et de supplier sans jamais décider puisque d’autres s’arrogent ce droit, nous devions arriver tôt ou tard à cette conviction, parce qu’il n’y a qu’un peuple dans cet Etat qui commande et qui décide. Notre déclaration yougoslave a dit clairement et intelligiblement devant le monde tout entier quels sont nos désirs. Monsieur

le président du Conseil repousse cette

déclaration ; il la représente comme quelque chose d’incompréhensible pour l’idée d'Etat autrichienne et la proclame, sinon

Dimanche, 2 Décembre 1917 - No 48.

« expressis verbis » tout au moins assez clairement, comme un acte de haute “1 son...

« Encore une fois, peut-être même pour, dernière fois, le destin nous offre l’occasio, de prendre en mains l’union des Slaves d sud et de créer une œuvre d’une imp tance culturelle et nationale incommensy rable, et de servir en même temps — toy en contribuant au bonheur de plusieur millions d'hommes — les intérêts politiques nationaux et économiques des autres pey ples de l’Autriche-Hongrie. Le peuple you: goslave doit sortir de cette guerre libre ef uni. [l s’agit seulement de savoir Si ce ser avec l’Autriche ou contre elle, avec ls Habsbourg ou contre eux. La première alternative nous sauverait, la seconde scek lerait notre destinée. » \

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Ce n’est pas un serbophile qui écrit cela, ni un agitateur ou un chauvin yougoslave, C’est l'Allemand Chlumecky. \

(« Slovenski Narod », du 12 octobre).Ù

1 1

La presse yougoslave contre l’Autriche-Hongrie

Le journal slovène « Edinost », de Trieste, écrit dans son numéro du 2 novembre:

« Nous Slaves d'Autriche, nous n'avons rien à modifier, et toute nouvelle orienta: tion‘qui pourrait nous être suggérée par les Allemands ne profiterait seulement qu’à ceux-ci et nous serait funeste au dernier

.point. Ceux qui, dans leur propre intérêt

devront changer leur orientation, ce sont précisément les Allemands, c’est-à-dire ce peuple de maîtres et de défenseurs du prin: cipe que la force doit primer le droit. Tant que les gouvernements autrichiens auront une composition allemande, la méthode allemande subsistera, c’est-à-dire, la violence et la germanisation. Jusqu'à présent, chaque gouvernement autrichien a été allemand avant tout; d’ailleurs, les méthodes. gouvernementales de la monarchie sont célèbres dans le monde entier. 4 Mais, avec la guerre mondiale, sont nées: de nouvelles conceptions sur l’Etat et ses. citoyens, et avec elles, la politique yougoslave de cette dernière période de la guerres a correspondu à l'esprit et aux nécessités du moment, ce qui ne manquera pas de lu assurer un grand succès — l'Etat yougü slave. C’est pourquoi les Yougoslaves 16 peuvent plus continuer à marcher d’accotd avec les Allemands et se refusent à toute. pensée de porter en leur compagnie la cul ture à l’est et au sud. Nous Slovènes plus! particulièrement, nous refusons délibéré

ment une pareille pensée, car cette cultur existe déjà au sud. fé « Nous pouvons dire en même temps, aux Allemands de ne pas se soucier dé notre bien culturel, car tout notre avenir dépend maintenant que de nous, et notsn nous sentons suffisamment mûrs et à même. de savoir comment et où nous devons le chercher. » ï Le « Slovenski Narod », du 17 septembre, écrit dans le même sens : | « L'idée nationale unit aujourd’hui toutes! les classes de notre peuple dans la communauté la plus étroite, cette volonté nationale a triomphé de tous les préjugés, et le! bien public est devenu la « lex suprema » de notre nation. « Notre peuple aspire à la vie avec toutesh les forces de sa jeune âme. Il regarde des4 profondeurs de son sombre passé et del l’abîme de son douloureux présent dans! l’aurore d’un avenir heureux. Depuis ques ses défenseurs réunis à Vienne ont donné! devant le monde entier la célèbre déclara tion historique, notre peuple sait où est lan vie à laquelle il aspire. L. « C’est dans l’union avec nos frères Croates et Serbes, dans l'Etat yougoslave indépendant et souverain, construit sur la base du droit de libre disposition des peuples à que se trouve la vie pour nous autres Slovènes. » 1

LS

L'’orthographe serbe

GC, &, prononcer comme /cA français.

Dj, » » gi italien.

Z, 2, » » français.

Lj, 1j, » » gli italien.

Nj, nj, » » gne français Co é, » » ê, mais plus doux:, Jr » » il, ill français ce, és » » {s français. “à S, &, » » ch français. : \ À H, b, » » A aspiré français. En » » ou français. ?