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Ce Genève, Lundi 6 Janvier 1919
Prix du Numéro
JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE.
: Paraissant tous les Lundis Rédacteur en chef : Dr Lazare MARCOVITCÉ, professeur à l’Université de Belgrade
Suisse... ete. — per an Autres pays. Ofr.— »
RÉDACTION et ADMINISTRATION + @, me du XXXI Décembre - Genève
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a La politique de l'Italie | intégrité de la Hongrie exigée par les Lois naturelles
La démission de M. Bissolati a remis à
… J'ordre-du jour la question générale de la pojitique extérieure italienne. Le replâtrage du ministère Orlando-Sonnino n'ayant apporté aucune solution de principe, on continuera quelque temps encore à osciller entre le démocratisme déclamatoire de M. Orlando et le positivisme impérialiste de M. Sonnino. La _ Jongue expérience de la Triplice a laissé des | traces profondes dans la diplomatie italienne. _ Le ralliement de l'Italie à l'Entente est conçu par la diplomatie officielle italienne comme un autre moyen de parvenir à réaliser les mêmes visées balkaniques, adriatiques et méditerranéen-
nes qui figuraient dans les traités secrets conclus avec l'Autriche et l'Allemagne. C'est ce qui
_ explique d'une part la tenacité avec laquelle l'Italie officielle défend le traité de Londres qui aurait bien pu s'appeler le traité de Vienne, s les pourparlers entre Vienne et Rome avaient abouti et d'autre part, l'opposition évidenté entre le programme général allié, plus particulièrement celui du Président Wilson et les convoitises de l'Italie. M. Orlando a souligné lui-même cette contradiction en déclarant l'autre jour dans la Chambre que le gouvernemeit italien acceptaiten principe le programme de Wilson, mais qu'il ne pouvait pas dire jusqu'à quel point il en demanderait la réalisation. « L'Allemagne est tout près de la France, et l'Amérique est loin » — s'est écrié M. Cle-
: en faisant allusion aux garanties que
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nouvelles agressions. M. Orlando ne pouvait - pas dire que le Royaume des Serbes, Croates
l'Amérique. est loin. En effet M. Orlando
; et Slovênes est trop près de l'Italie, et que
avait patronné le congrès de Rome où l’on cé_ Iébra l'amitié italo-slave. Qu'est-ce qu'il reste-
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rait de cette amitié si nous devions payer de nos terres une peur imaginaire italienne ! * On trouve une vue d'ensemble de la politique étrangère italienne dans le remarquable ouvrage d'un diplomate italien de la jeune école qui a soumis toute la politique de son pays à un examen sévère, ce qui lui a valu d'être tenu éloigné de tout poste responsable. L'opinion publique italienne a passé sous silence cet ouvrage, pour des motifs que l'on * péut deviner sans difficultés. Son titre est : « Un Italiano : La politica estera italiana, 18751906, ou en français : La politique extérieure italienne. Par un Italien (Bitonto, en Italie, 1916, p. 1023, 8° Lire 18). L'ouvrage est composé de quatres parties. Dans la première partie, l’auteur expose la théorie générale de la politique italienne, les principes qui la guidaient et les éléments qui la déterminaient. Dans la seconde partie, il examine la période de 1875 à 1896, appelée par l'auteur le passé de la politique extérieure italienne ; dans la troisième partie il traite du présent de la polique italienne (1875-1916), et sa conception confirme indirectement notre opinion que l'Italie officielle, en changeant d’alliés n'a pas changé les buts de sa politique. La quatrième partie contient les conclusions de l'auteur. - Il serait téméraire de ma part d'essayer de donner même une analyse de l'ouvrage de cet Italien qui a rendu à sa patrie le plus grand service qu'un bon fils pût lui rendre : il lui a dit la vérité. Nous ne pouvons non plus juger de la valeur exacte des points de vue sclentifique et historique d’un ouvrage aussl volumineux et aussi minutieux que l’est le présent livre. Le temps et la compétence nous mênquent. Si nous en parlons c'est dans le but d'attirer l'attention du public et des milieux compétents et intéressés sur cette publication qui ne devrait pas se perdre dans la poussière des dépôts des livres de valeur passagère. Le livre d' Çun Italien » est le véritable code de la politique étrangère italienne. La dernière période de cette politique : teprésentée sans réticences, sans retouches, à la
depuis 1908, est
lumière des faits qui parlent d'eux-mêmes. La politique balkanique de l'Italie modelée sur celle de l'Autriche, est jugée très séverement par l’auteur qui ne cache pas sa déception de constater partout du temps perdu, des imitations défavorables et des faillites complètes cachées seulement sous une rhétorique déclamatoire privée de toute valeur pratique. Nous aurons l’occasion de parler ailleurs dé cette phase de la politique italienne relativement aux Balkans ; ici, nous ne voulons que signaler en quelques mots les conclusions de l’auteur et exposer les vues d’un diplomate italien qui ne s'est pas formé à l'école triplicienne et qui envisage la politique extérieure italienne d'un point de vue dégagé de tout passé tripliciste.
Or, ce diplomate italien écrivait en 1916 que l'Italie ne peut pas songer à éliminer de l'Adriatique, l'Autriche et encore moins l'Allemagne, sans le concours d'une Serbie, amie et alliée. Il conseillait à l'Italie d'abandonner le jeu avec la Bulgarie et l’Albanie, héritage sinistre de la Triplice, et de s'entendre amicalement avec la nation qui vit sur l’autre rive de l'Adriatique et qui est l’allié naturel de l'Italie contre le germanisme. Il exhortait ses compatriotes à ne pas méconnaître la valeur d’une amitié avec la Grèce, insistant surtout sur l'utilité d’une entente avec l'alliance serbogrecque. Selon lui, les Etats balkaniques ne doivent plus être considérés par l'Italie comme
zones d'influence, mais comme des puissances! ;
absolument indépendantes, comme des facteurs de la paix et de l'équilibre en Europe. Où le distingué diplomate devient cependant illogique avec les prémisses mêmes de son exposé, c'est lorsqu'il parle d'un accord amical avec les Slaves au sujet des iles et de la Dalmatie septentrionale, un accord qui devrait d'après lui sauvegarder les intérêts navals italiens et rendre aussi possible la défense de la côte istrienne. L'auteur semble supposer que toute l'Istrie serait attribuée sans autre à l'Italie, malgré sa majorité slave, et il essaie même de se défendre contre le reproche éventuel que par une telle solution des zones slaves se trouveraient englobées dans le territoire italien en fai-_ sant l'observation d’ailleurs inexacte que la population slave de ces régions est italienisable,c'est à dire sujette à l'italienisation. Nous connaissons personnellement l'auteur de l'ouvrage et nous voulons excuser ce lapsus par le fait que sa bonne foi a dû être trompée. Nous croyons que l'auteur qui a pu contester à l'Italie le droit de colonisation en Asie-Mineure, aurait exprimé le même avis sur le Nord de la Dalmatie, pour autant qu'il le réclame, sur les îles et la plus grande partie de l'Istrie, s'il avait connu les vraies données du problème, s'il avait su surtout que l'élémeut le plus pur, le plus solide et le plus conscient, au point de vue national, de toute la race serbo-croateslovène, vit dans les régions mentionnées. Tout l'édifice de sa conception de la politique itatienne s’écroulerait piteusemenr s'il voulait maintenir jusqu’au bout un point de vue qui est en contradiction avec les éléments mêmes de son raisonnement. SS
Le fait que l’auteur à mal appliqué sur un cas concret la formule générale du problème ne nous empêche pas de souhaiter que les idées générales émises dans le livre d’un Italien trouvent plus d’écho dans la Consulta. La base même de la politique étrangère italienne vis-àvis des Balkans est fausse. Le danger qui va grandissant d'un conflit italo-sudslave n’est que la conséquence de cette position de travers dans laquelle l'Italie se trouve vis-a-vis de nous.
Nous ne sommes ni colonisables, ni italianisal'Italie n’a rien à
bles. Et dans les Balkans, chercher en dehors des relations normales entre égaux. M. Bissolati l'a compris et il a quitté un ministère qui se refuse à voir cette vérité sl simple et pourtant si vitale pour le prestige moral de l'Italie. L. M.
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Nous avons parlé une fois dans notre journal du livre curieux du professeur autrichien, “re sur lAntriehes-hpetenre
rit, Dans ce livre M. le professeur S'ef- | Jorçait de. démontrer que l'Autriche avait été méconnue, qu'elle n'était pas ce qu'on pensait d'elle, mais tout autre chose. Le savant autrichien a découvert que ce ne sont ni la langue ni la race des peuples qui déterminent l'essence ‘un Etat, mais que c'est uniquement l’espace géographique qui fait l'Etat. L'Etat, c'est l'espace géographique— geographischer Raum! Les hommes, suivant le Dr Hanslik, jouent le rôle des plantes, et pour les plantes tout le rnonde sait que c’est le terrain, avec ses hauteurs, ses vallées, ses pentes, ses Cours d'eaux qui emporte. Les éléments géographiques seraient les facteurs principaux dans la formation des Etats et l'Autriche, jugée de ce point de vue, serait, d'après Hanslik, une création des lots de l'espace. Dee S
FOr voici que pour la Hongrie, ur savant hagyar vient de découvrir quelque chose de semblable. Un certain Jakob Schènk, de l'Institut Ornilologue de Budapest a publié en effet dans le « Pester Lloyd » du 21 Décembre un ar-
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4 (1) Dr Erwin Hanslik: Oresferreich. Erde and Geist. — Wien,
Verlag für Kulturforschung él
ticle bisarre, cherchant à démontrer que la direction des routes prises généralement par les oiseaux de passage corresnondrait à l’or'enta| tion politique des pays en question. En étudiant plus particulièrement l'orientation des oiseaux de passage en Hongrie, M. Schenk a constaté que cette orientation s’accor dait bien avec l'appartenance de la Slovaquie à la Hongrie et non pas à la Bohème. En examinant la question dans le Sud, le savant ornitologiste arrive à la même conclusion que le sud de la Hongrie, c'est-à dire, le Duché serbe, avec la Batchka et la Baragna, doit absolument appartenir aux Magyars». Les oiseaux, termine M.Sehenkson article, ont ainsi exprimé leur jugement objectif sur la conservation de intel _ géographique de la Hongrie. Si ce jugement sera adopté, c’est uné question anzieuse quiresle ouverte ». Et il fait appel au président Wilson d’appliquer son système de justice avec la considération des lois naturelles !
Voici jusqu'à quel dégréles Magyars se font ridicules dans leur manie de conserver l’intégrité d'un Etat édifié sur l'abus et la violence. Au lieu de se réjouir du nouveau régime de liberté qui sera institué dans le monde et dont les Magyars bénéficieront également malgré tous leurs crimes, ils s’obstinent à prouver qu'ils ne méritent pas du tout ces bienfaits.
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Les Tchéco-Slovagues et les Slaves du Sud
Au milien d'inenthousiheme indeserip- : tible-le-président-Massaryk fit Fautre jour son entrée solennelle dans la ville de Prague, capitale du nouvel Etat tchéco-slovaque. La Bohême et la Slovaquie ont accueilli en triomphateur celui qui incarne en ce moment leur nation tout entière, son effort et sun martyre, sa foi comme sa victoire. Pendant de longues années d’épreuves, deux hommes surgissent au sein du peuple pour se mettre à la tête du mouvement national : Massaryk et Kramarz. La nouvelle religion — le’ culte de la Patrie — trouva en eux des nouveaux Houssites. Soutenus par toute la nation, ces élus du peuple ne reculèrent devant aucun danger, ni devant aucun sacrifice pour accomplir l’œuvre de la libération. L'accueil que le peuple avait réservé à son meilleur fils qui après des journées sombres et pénibles rentre dans son pays comme le premier citoyen de la République ; les ovations qu'il recueille sur son passage s'adressent en même temps à lui et à l’œuvre accomplie à laquelle il voua toutes ses lumières et toutes ses forces. A la sympathie se mêle la gratitude et l’admiration pour l’homme qui à su gagner au peuple tchéco-slovaque tant d’amitiés précieuses et tant de protecteurs puissants.
Le sort de Massaryk ressemble à celui de son peuple ; après tant d'humiliations, il voit enfin son œuvre couronnée de succés. Menacé, persécuté, exilé, arraché à son foyer et à son sol natal, il erra à travers le monde à l'instar des légions tchécoslovaques combattant à travers l'Europe et Asie et forçant partout l'admiration générale. On ne se rend pas encore suffisamment compte des services rendus à la cause commune par les armées tchécoslovaques. Les exploits de ses armées n'ont eu malheureusement qu’un écho lointain et faible ici en Europe. Ces exploits n'ont pas été fixés par les films merveilleux comme ceux de certaines armées combaitant en Europe avec beaucoup moins de bravoure mais avec plus d'artifices. Mais ceux qui ont vu à l’œuvre les légions organisées par Massaryk sauront témoigner de leur intrépidité. Massaryk qui possédait mieux que personne les qualités distinctives de sa race, l'énergie, la persévérance, le courage |
Let là à
odpetia fat nrédestiné na -ser-la résistance nationale. C'est à un savant, un diplomate et un homme d'action.
Avant d’entreprendre l'énorme tâche de la résurrection politique de la Bohême, Massaryk prépara le peuple à la lutte par la transformation de sa vie intellectuelle. Par ses travaux scientifiques, il prépara l'avenir en restaurant le passé et en rénovant le présent. Il fut le véritable réformateur de la vie sociale et politique de son pays dont il organisa la résistance en lui montrant la voie à suivre. Sa « Patrie tchèqué » constitue le catéchisme politique pour ses compatriotes. Par son idéalisme élevé ainsi que par la droiture de son caractère, il rappelle la noble figure du Président Wilson. Le rôle qu'il joua avant la guerre vis-à-vis des Slaves du Sud lui gagna à jamais leur sympathie et leur reconnaissance. Ce rôle est trop connu pour qu'il soit nécessaire d’y revenir.
Le lendemain de son entrée solennelle, il lut au Château Royal le discours-programme où, parlant de l'organisation de l'Europe centrale, il aborda la question des rapports futurs entre son Etat et l'Etat sudslave, dans ces termes : « Il est inutile de dire que nos rapports avec la Yougoslavie sont des plus cordiaux. Ils sont scellés avec le sang versé en commun. Le voisinage nous ménagera des rapports plus directs. Du reste, chez nous et dans les milieux sudslaves existe la conviction absolue que notre réunion géographique directe est indispensable. Les Allemands d'Autriche, il est vrai, revendiquent le territoire hongrois qui nous sépare des Yougoslaves. Mais même du côté magyar, on leur a répondu que ce territoire contient des populations croales et slovènes très nombreuses. »
En elfet, le contact direct entre deux Etats slaves s'impose. Il est justifié aussi bien par des raisons d'ordre ethnique que par des raisons politiques. Bien que sur le territoire devant servir de liaison, l’élément slave ne vit pas dans les masses compactes, il n'est pas moins vrai qu'il se trouve disséminé un peu partout mêlé à celui des Allemands. Au point de vue politique, il est indispensable d'assurer en