La Serbie

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RÉDACTION et ADMINISTRATION

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La Roumanie«rtraité a 1916

L'exposé de la délégation roumaine concernant les revendications de la Roumanie sur le

Banat s'appuie, en dehors des arguments ethni-

ques qui ne sont valables que pour la partie orientale de la province, principalement sur le traité secret de 1916 conclu avec l'Entente. À l'objection serbe que le traité n'engage ni la Serbie ni le Royaume uni, les Roumains répondent par des arguments qui nous ont stupéfaits.

Un mémoire remis par M. Bratiano à la conférence définit la situation de la Serbie par rapport au dit traité. Les Roumains affirment que la Serbie n’était pas en mesure de traiter

. au moment où l’accord fut conclu. Etant donné

sa situation malheureuse, il eût été cruel de jui imposer des conditions quelles qu’elles fussent. De plus, la Serbie était représentée par la Russie, qui souscrivit en son nom l'occupation du Banat par la Roumanie. Les Serbes, s'ils n'ont pas connu le texte du traité, ont bénéficié des effets de l'entrée en guerre de la Roumanie dont le résultat fut la possibilité pour les alliés de tenir à Salonique, ce qui assura, par la suite, la libération de la Serbie.

Toute cette argumentation est lamentabie et contraire aux véritables intérêts du peuple roumain. La Roumanie a la chance inespérée de pouvoir réunir ses frères de race. Ce titre de

_ nationalité suffirait largement à assurer le

bonheur et la grandeur duü peuple roumain. Cependant, comme la délégation roumaine invoque particulièrement le traité de 1916, nous n'hésitons plus à lui dire ce que nous pensons.

_ Rappelons d'abord que la guerre européenne

a surpris la Roumanie dans une situation équivoque: D'un côté, elle avait des engagements formels avec la triple alliance ; de l'autre, elle était obligée de défendre le traité de Bucarest de 1913. Ce dilemne fut résolu, mais en abandonnant le traité de Bucarest. La Bulgarie n'aurait pas osé attaquer la Serbie, si la Roumanie n'avait pas promis de rester tranquille. Radoslavoff put se vanter, un mois avant l'entrée en guerre de la Bulgarie, que l’armée bulgare ne cormbattrait que sur un seul front. Cela prouve qu'il avait reçu des assurances formelles concernant l'attitude de la Roumanie. Le désastre serbe a été dû en grande partie à cette politique roumaine qui n’a pas voulu suivre la voie adoptée en 1913, qui était la voie de la solidarité balkanique. Nous ne récriminons pas, nous ne faisons que constater.

En 1916, la Serbie, après la reconstitution de son armée, attendait avec impatience la revanche. C'est à ce moment que la Roumanie négociait son traité en imitant l'Italie — c'està-dire qu’elle posait la condition préalable que rien ne serait communiqué à la Serbie d'un traité qui. devait être conclu au préjudice de la Serbie, cette même Serbie qui avait êté lâchée par la Roumanie, contrairement au sens et à l'esprit du traité de Bucarest de 1913. Comment, dès lors, les délégués roumains ont-

le courage de dire aujourd'hui que le traité

fut conclu aussi avec la Serbie, représentée par la Russie? Nous ne comprenons pas. Ajoutons que la Russie n'avait aucun mandat de représenter la Serbie. Encore moins _pouvait-elle signer un accord en notre nom, dirigé contre nous et ayant pour objet nos terres. La Roumanie le sait fort bien. C’est pourquoi, en 1913, elle conclut directement avec nous, sans l'intermédiaire de personne, une convention militaire contre l'éventualité d'une agression bulgare. La délégation roumaine estime que la Serbie 1916. Nous

aurions pu tirer profit de l'intervention roumaine, c'est entendu. Mais malheureusement ce ne fut, en rien, le cas. Âu contraire, ce furent les divisions volontaires serbes, croates et slovènes, commandées par des officiers de l'armée royale de Serbie, dont les exploits furent célébrés par les Roumains eux-mêmes

-du-droit,-ne sauraient le nier.

JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE :

Paraissant tous les Lundis Rédacteur en chef : Dr Lazare MARCOVITCH, professeur à l'Université de Belgrade

qui déclarèrent qu'ils s'étaient battus comme des lions, qui ont contribué, en Dobroudja, à sauver la Roumanie d'un. désastre, complet.

Quant à l'intervention roumaine, les Serbes

er

Nos amis roumains sont devenus Lrès nerveux, Lorsqu'ils parlent du Banat, que nous considé‘rons comme notre patrimoine national, ils se laissent emporter par leurs sentiments, au point de dépasserles limites permises dans une discusjou.entre amis-et. alliés. C'ést avec un rédoudiement d'énergie que de savants professeurs

. LA . . . . + . . l'ont payée du sang de leurs meilleurs soldats |fes universités roumaines, ainsi que des minis-

et officiers; cette intervention qui s’est terminée par la débâcle roumaine, six semaines plus tard, a rendu singulièrement difficile la tâche de l’armée d'Orient et, en 1918, c'est

{res roumains veulent prouver le droit des Roumains sur cette province si éminemment serbe. Cette concentration d'énergie leur est d’ailleurs "facilitée par le fait que les Serbes sont pour eux le seul rival encore debout ; les autres, avec

# s °L : . , : . . , « grâce à l’héroïsme serbe que cette armée | qui les Roumains auraient eu des comptes à

d'Orient a délivre la Roumanie de l'esclavage allemand. La délégation roumaine n’aurait pas dû l'oublier.

Tels sont les faits qui sont plus forts que les traités secrets. La Roumanie, en signant la paix de Bucarest de 1918, a annulé le traité de 1916. D'après le témoignage du correr:. . unt particulier du « Petit Parisien », tout le monde en Roumanie a approuvé la signature de cette paix. Que les Roumains nous excusent, mais nous croyons devoir leur rappeler que la Serbie se trouvant en 1915 dans une situation analogue, trahie par la Grèce constantintenne, abandonnée par la Roumanie malgré le traité de Bucarest de 1913, préféra faite son calvaire

d'Albanie et errer dans l'exil que d'accepter |

une paix honteuse.

La paix de 1918 fut imposée aux Roumains, nous le reconnaissons volontiers: mais, pareil-. lement, le traité de {9i6, de même que celui de Londres de 1915, furent imposés aux Alliés, Une contrainte en vaut une autre et nos amis roumains, en bons connaisseurs des principes

L. M,

Les Bakaus aux peuples balkaniques

| .

L'Idea Nazionale plaide dans un long article en faveur des aspirations bulgares et réclame l’extension d’une Bulgarie jusque en Albanie, placée sous le protectorat de l'Italie. Ceci et d’autres indices inquiétants permettent de croire que l'Italie caresse toujours ses plans impérialistes de pénétration dans les Balkans. Le devoir des peuples balkaniques est donc de rester unis et de combattre de toutes leurs forces pour la formule de justice et de droit : les Balkans aux peuples balkaniques. L'Italie se trompe lourdement si elle croit que nous permettrons qu’elle s'installe dans les Balkans et que se renouvelle une situation dont nous avons tant souffert, quand l'Autriche existait.

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Napoléon I: et III et la Dalmatie

On nous écrit de Split (Spalato):

On connaît ce que Napoléon fut pour ritalie. On sait que ce fut lui qui délruisit les cités aristocratiques et créa le premier royaume d'Italie. IL ne donna cependant pas à l'Italie les côtes d'Istrie et die Dalmatie, mais fit une nouvelle création, le royaume d'Hlyrie. Si l'Italie, à laquelle

Napoléon était rattaché de plus près qu'au royaume d'Illyrie, avait vrai ment pu aspirer lédtimemient à ulIs:

trie et à la Dalmatie où Sil avait estimé, ‘qu'elle n’était pas capable de vivre sans posséder ces côtes, il est plus que certain qu'il les aurait réunies à l’Halie qui lui tenait tant à cœur. Il donna à l'Italie le premier roi de son sang, Mais il ne lui donna pas la côté istro-dalmate.

Bien plus Ce fut l'Autriche qui reçut des mains des Français VIstrie et la Dalmatie, bien qu'à ce moment là, lltalie sortit de combattre contre l'Autriche, ayant à ses côtés Napoléon III. Si l’Itale avait eu droit à ces pays, où si elle n’avait pas pu s’en passer, il est certain qui Napoléon III les lui auraïent cédés,. car s'il n’épargna pas le sang généreux des Français en faveur de l'Italie, il aurait. encore moins épargné Autriche vaincue à Solférino. É ; ue

régler, gisent dans la poussière el la Russie, qui a signé le traité par lequel la Roumanie s’est engagée envers l’Entente, n’est plus. La Bessarabie est done échue, sans compétition et avec la bénédiction de l'Allemagne, à la Roumanie. L'Autriche-Hongrie ayant suivi la Russie dans lâbîme, la Roumanie avait le chemin libre pour réaliser son unité nationale. Elle l’a même pa-rachevée, en vertu d’un principe des nationalités un peu exagéré.

Seul, le Banat, où leurs aspirations rencon-

traient le corpsaisenauné - Seriave ur échapÀ pait: Cest pour Ut Ten vivant qui les gène qu'ils #2 Mlemagin,- lrmières de leurs savants ét mini: :}#anifestemt. f; déploient une activité intes som sw. 4 ti": iicule surprenant Sparte “UE

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La nervosité roumaine

Cette recrudescence de combativité est certainement en connexion avec notre différend avec les Italiens. Nos amis roumains espèrent que leur argumentation aura plus de force persuasive contre un Etat affaibli par suite des exigences de la grarrde puissance qu'est l'Italie. : l Notre confrère La Roumanie» sert d'asile aux vues de ces savants avec qui nous ne discuterons pas. L'atmosphère qu'ont créée ces professeurs est un peu lourde, et toute contribution au débat de notre part ne ferait qu'envenimer une situation qui l’est suffisamment déjà, ce qui ne serait pas désirable, à l'heure où dé si grandes décisions vont être prises pour les peuples du monde entier.

D'autre part, nous devons constaler que des articles écrits dans l'esprit de ceux que publie « La Roumanie » ne font qu'affermir notre cause et lui acquérir des sympathies. Tous ceux, en effet, quine furent ni aveugles ni sourds au cours de cette guerre, n'auront pas de peine à discerner où se trouve la vérité. Et surtout les hommes compétents jugeront. Ils ont en main toute la documentation relative à la politique de nos deux Etats. Ils pourront ainsi apprécier très facilement le rôle que nous avons joué, ainsi que nos mérites ét la façon dont nous avons servi la cause générale de nos Alliés. Ils sauront: également dire si les Serbes doivent perdre 1350,000 de leurs fils pour des raisons d’entité séogren trans

ÊE. En RL f j

Le

Le dimanche 2 février, le prince-régent du Royaume des Serbes, Croates et Slo“vènes est arrivé à Paris. A la gare de Lyon, une compagnie du 7e régiment din-

“rendu les honneurs, Lie prince n'avait pas voulu en effet d’une réception triomphale. Cela n'a pas empêché que l’accuril fait au jeune souverain par le gouvernement français n’aïil été empreint de la plus grande cordialité. M. le président Poincaré, accompagné de M. Pichon, avait tenu à venir en personne saluer le prince. Parmi les personnalités présentes des délégations étrangères, on remarquait également Vénizelos. .

Malgré le caractère moins solennel de la réception, on a pu constater que le jeune prince est toujours l'hôte bienvenu de la France. Si des raïsons politiques empéchent parfois la manifestation de certains sentiments, maint détail en apparence imsigniliant prouve cependant spontanémient leur existence, Dès que le prince eut mis le pied sur le sol français, äl put sentir les sympathies et l'admiration que la grande nation a pour lui.

D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement? S'il est un prince qui, la guerre terminée, mérite l'honneur de passer sous Farc de triomphe, c’est bilen le prince régent de Serbie, « Nul hôte, observe judicieusement, à ce sujet, St-Brice, dans le « Journal », n'aurait plus que lui droit aux honneurs de l’avenue triomphale, »

En effet, quel titre glorieux le jeune souverain ne s'est-il pas acquis durant la guerre! Premier soldat de son pays, chef d'une armée invincible, ül représente le peuple dont la fidélité à lenir ses promesses n’a eu d’égal que son héroisme, Son père combattit jadis dans les rangs de l’armée française. Le prince régent, lui aussi, s'est mis avec toute son armée À la disposition de la France, à l'heure la plus critique de la guerre.

« Si la France a besoin de nous, disait-il au ministre de France à Salonique, au moment de la dernière offensive allemande, qu'elle nous fasse un signe et je n'embarquerai avec toute mon armée pour voler ‘à son secours. C’est la France qu’il importe de sauver avant tout, car cest elle qui sauva l'humanité, »

Ces paroles trouvèrent naguère un écho à la Chambre française, où on rendit un

prince-régent Alexandre à

fanterie, musique..et. drapeau. en. Fête, 4.

Paris

| juste hommage à la noblesse de ces sentiments. Maïs le prince généreux qui a toujours subordonné son amour-propre et son bien-être personnel aux intérêts de“son pays et à la cause commune; qui a partagé le sort de son peuple, partage aujourd’hui aussi sa mauvaise fortune. Toujouxs les premiers À la peine, ils jsomf loin d’être les premiers à l'honneur, Ayant, durant cette guerre, dû défendre son pays contre de nombreux lEennemis, le prince doit maintenant encore le défendre contre certains alliés qui lui disputent chaque pouce de son territoire national.

Aussi sa visite à Paris a-t-elle une très haute signification politique et morale. Lies Alliés, qui nous aïdèrent à constituer notre unité nationale, ne l'ont pas encore reconnue formellement, reniant ainsi l’œuvre qui leur est propre. Sans mission officielle aucune, le prince-régent vient simplement faire acte de présence à Paris, au moment où se décide le sort die notre pays, qui a tant contribué à la victoire commune et fait le plus de sacrifices pour elle, choses que d'aucuns semblent déjà vouloir oublier.

La présence du vainqueur du front d'Orient rappellera aux Alliés ladmirable conduite de son peuple et de son armée. Ïl ne vient donc pas les poches remplies de pactes. de traités secrets dont il se proposerait de demander Texécution. Durant la guerre qui vient de se terminer, il n'a exigé de ses alliés aucune garantie écrite: il na ni pactisé avec l'ennemi, ni capitulé devant lui. Il n’a trahi aucun de ses alliés. Il n'avait contracté d'autre pacte que celui d'honneur et ce pacte il l'a observé jusqu’au bout.

Il Vient uniquement voir à l'heure actuelle si cé pacte d'honneur ne prévaudra pas contre d’autres, signés par les Alliés dans des moments de crise et dont les slipulations ne furent mêmie pas observées toujours par ceux qui s'en réclament aujourd’hui, Ces traîtés qui disposaiènt de territoires qui n’appartenaient pas aux contractants, et qui furent conclus à l'insu des populations intéressées, ne lient point la Conférence qui décidera, elle, suivant les principes wilsoniens. |

C’est là pour nous la meilleure garantie que nos sacrifices n'auront pas été consentis en vain et que nos intérêts vitaux

ne seront pas lésés. , | M. D,-Marincovitch!