La Serbie

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plus uniforme que les chiffres de la statistique officielle (223.318 Yougo-Slaves, 147,417 Îta-

liens) pourraient le faire croire.

_ Au XVme siècle, Aeneas Silvius Picolomini, - qui, avant de devenir pape sous le nom de Pie Il, était évêque de Trieste, écrivait: « Jstri hodie Schlavi sunt quamvis maritimæ

urbes italico sermone utuntur uiriusque linguæ

periliam habentes » (Les Istriens sont aujour- d'hui des Slaves bien que dans les villes du Jittoral, où l'on connaît les deux langues, les habitants se servent de la langue italienne). _ Aujourd’hui l'Istrie a la même physionomie,

bien que les guerres fréquentes qui, jusqu'à É 1617 (paix de Madrid) se sont déroulées sur son territoire, aient presque complètement _ dévasté la plus grande partie de la presqu'île. En outre, la peste qui, en 1200 et 1630, a fré_ quemment sévi, principalement sur la côte _ wccidentale, a presque exterminé [a populaÈ tion de cette région. En 1630, par exemple, n'ont éürvécu à la peste que 300 personnes à ë Pola et 100 à Parenzo. Les régions ravagées … par la peste et par les guerres ont été repeu_ plées par des agriculteurs et des bergers slaves _ que les maîtres de l'Istrie et les féodaux allemands avaient fait venir de la Péninsule bal. kKanique. Dans quelques centres seulement, . Venise remplaça la population urbaine dispa. rue, par des commerçants et des fonctionnai_ res venus de la Péninsule italique: C'est-ainsi que, à la fin du XViime siècle et au commencement du XVIIme siècle, l'élément italien de M'Istrie ne comptait presque pas à côté de J'élément slave. Ce n'est qu'au cours du _XVIlIme siècle, qu'une nouvelle immigration, _ partie du Frioul occidental (Italie du Nord), | renforça l'élément italien de la péninsule. Depuis cette époque, la langue liturgique slave mmence à disparaître des églises de l'Istrie xcidentale. L'asservissement économique du paysan slave aux usuriers italien lui enleva la _ force de résister aux puissants seigneurs des villes. Il s'ensuivit alors un long assoupissement national dans les masses agricoles slaves e cette. partie de l'Istrie, assoupissement qui, ux yeux des étrangers, ne fut interrompu par es signes de réveil que depuis l'introduction du suffrage universel en Autriche (1907). Joila pourquoi les statistiques officielles, qui _n'indiquent dans la partie occidentale de l'Istrie qu'un pourcentage assez faible de Slaves, ne donnent aucune base solide pour juger du Caractère national de cette région.

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[n'y a dans toute l'Istrie, entre Rovigno et . Pola, que cinq localités rurales (Valle, Di. gnano, Fasana, Galena et Sissano) dont la _ population soit de race et de langueitaliennes. - Les parties orientales et centrales sont, sauf “quelques noyaux insignifiants, entièrement slanes. Sur la côte occidentale, les petites villes lliennes, économiquement débiles, ne forent que des ilots dans la campagne slave et … ne sont, d’après la comparaison heureuse d'un : député, que « des boutons sur un manteau _ Slave ». La ville de Pola est la seule agglomé_râtion importante de l'Istrie. La statistique autrichienne de 1910 indique, pour cette ville, 29,000 Italiens et 13,000 Slaves. Cette statisti… Que a été démentie par les élections de l9]let de 1914, dont les résultats laissent conclure à la présence d'un nombre à peu près égal de _ Slaves et d'Italiens à Pola. Cette ville doit son … Progrès exclusivement à sa qualité de port de _ Guerre de la monarchie austro-hongroise. En 14l, elle ne comptait que 1076 habitants, petit Lot dans la campagne slave qui l'entoure. ! quiche a élevé le nombre de sa popula-

lon à 30,000 habitants en 1910. Comme cen(fe commercial, Pola ne compte pas et, avec à disparition de l’Autriche-Hongrie, son 1mtance est extrêmement réduite. Si le désar-

Prix du Numéro : 10 Centimes

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JOURNAL POLITIQUE HEBDOMADAIRE

Paraissant tous les Lundis

diale, Pola redeviendra une petite ville comme

ses sœurs de. la. côte.-occidentale ‘istrienne,. | G

chef: Dr Lazare MaRCOWTCH, professeur à

mement général doit suivre la guerre mon-

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l'Université de Belgrade

Suisse... 66r, — param |

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La rhapsodie magyare

Dans les têtes chaudes des bolchévisies wationalistes magyars est née l’idée bizarre #e déclencher la révolution en Serbie. Leur sir d'y parvenir est si vif qu'ils ne se

: s , arm APR TES dont la population n'a, depuis cent ans, pres- | fhcieni méme pas &e savoir réalisé-ce

que pas augmenté.

Les premières élections législatives, faites sur la base du suffrage universel (1907), ont révélé le vrai caractère national de l'Istrie. Tandis que, dans l'Istrie orientale et centrale et dans les îles, les candidats slaves furent élus à l'unanimité, ou à peu près, les candidats italiens durent entrer en ballottage avec les candidats slaves dans les circonscriptions de Parenzo-Rovigno-Montona (4699 italiens et 4,713 Slaves) et de Pola (3,332 Italiens et 3,198 Slaves). En outre, dans la troisième circonscription italienne (les communes de Capodistria et de Muggia, le district de Pirano et une partie du district de Buje), ce sont les 1,600 électeurs slaves qui ont décidé, au deuxième tour, de l'élection du candidat conservateur italien qu'ils préféraient aux autres. Dans la circonscription de Parenzo-Rovigno-Montona, le candidat italien n'a été élu qu'avec une majorité de 620 voix (6,424 contre 5804) contre le candidat slave.

Il n'existe donc nulle part en Istrie un territoire italien compact, C’est pourquoi toute l’'Istrie doit_ être attribuée à notre Etat, qui devra garantir à l'élément italien son libre développement. ‘Aucun intérêt économique ne lie l'Istrie à l'Italie. L'Istrie est un pays pauvre. Le vin y est le seul produit d'exportation digne de mention. L'ltalie, avec sa surproduction de

vin, rendrait impossible la vente du vin is-°

trien et amènerait ainsi la ruine économique du pays.

Les lialiens en Dalmatlé

Le vice-amiral italien Milo, gouverneur de la Dalmatie et des îles occupées, a adressé aux commandements subalternes la circulaire suivante:

« Plusieurs commandements auxquels fut donné l’ordre de distribuer des denrées alimientaires à la population dalmate et de garder les recettes ainsi réalisées pour couvrir les frais de propagande, m’informent que les sommes considérables ainsi obtenues ne peuvent servir mutilemfent à cette fin; il a en effet été prouvé que le seul moyen efficace de propagande est la distribution gratuite des denrées. Par conséquent, je relire la dite autorisation et j’invite tous les commandements à envoyer au gouvernement de Dalmatie, d'ici fin mars, toutes les sommes qu'ils ont en-

core et de justifier les dépenses faites |

par les reçus individuels des personnes

i-ont-touché-de- l'argent. Je mie réserve

le droit d’ordonner l’envoi aux caisses gouvernementales de Zadar et de Sibenik de toutes les sommes considérées comme inutiles ou dépassant le montant nécessaire

aux besoins de la propagande. »

Mise au point de pl. Tressieh-Paieiteh

M. Tressitch-Pavitchitch nous fait remarquer que dans son interview publiée sous le titre La Conférence de Paris et l'avenir, dans la «a Serbie» du 7 avril 1919, sa pensée exprimée en français a dépassé ce qu’il avait voulu dire au sujet de la Grèce. I! n'avait entendu que rappeler l’existence d'éléments serbes sur le terriloire grec pour montrer les sacrifices déjà faits par le peuple serbe, Son allusion à la mer Egée se rapportait à la possibilité d'établir des communications libres avec

cette mér.

“@ils rêvent. Is se hâlent d'informer l'Europe de leur fantaisie dans des dépêches confuses qui trahissent elles-mêmes le manque de fondement de leurs nouvelles senSonnelles. :

d'ailleurs, c'est la même politique qui s'est déjà manifestée plusieurs fois sous le gouvernement Karolyi. Les bolchévistes, dont la morale est diamétralement opposée à la morale normale de l'Europe, ne voient dans le mensonge qu'un excelient moyen d'aboutir. On se souviendra cerlainement combien de fois la révolution a éclaté en Roumanie, en Tchéco-Slovaquie, ou encore de l'assassinat du roi Ferdinand, annoncé par les agents magyares. Il s’agit de créer la confusion partout et de provoquer dans las-états d'âme des tiraillemenis dont üls lireront avantage pour la- Hongrie intégrale, qui est üne idée très chère-aux bolchévistes nationalistes magyars.

De quelle dictature du prolélariat pourrait-il, en effet, être question en Serbie, où il n'y a même pas de prolétariat et où il

population de trois millions de paysans petits propriétaires La dépêche magyare parle. même de 160.000 prolétaires serbes. Notre armée:tout.entière n’atteint malheureusement pas davantage ce chiffre : Où donc ces prolétaires si nombreux 5e trouveraieni-ils ?

Il se peut pourtant qu'il y ait eu quelque agitation en Hongrie méridionale, à laquelle les Serbes sont tout-à-fait étrangers. Aussi bien les Serbes de ia Serbie proprement dite, mais encore les Serbes de ces régions-là. À ce mouvement, parti-

cipent exclusivement les Magyars ou, plus exactement, les employés magyars qui sont restés dans les pays occupés el qui y étaient envoyés comme colons et magyarisateurs. Les grèves que les Magyars ont provoquées il y a quelque temps en disent assez sur ce chapitre !

‘ Les autorités militaires serbes sauront comment, à l'égard de ces colons agitateurs, ils doivent agir et les bolchévistes nationalistes seront très étonnés de voir l'armée serbe sous un tout autre jour qu'ils ne le désireraient. Et alors, dans leur repentir, ils pourront se répéter les paroles de Molière: « Tu l'as voulu, Geor-

n'y a que 5 mille ouvriers environ sur une | ges Dandin !»

[8 contlit avec l'aile

DIELS L dnntbane hit an P RAI EF ÉME a na sodiess

au Du de vue Soclal

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Ïë VUE

Il est hons de doute que le désir de | mécontentement soc'al est a'tribué foreé-

liberté des peuples n’est pas seulemient une

-aspiration nationale, mhüs l'aspiration à

un meilleur ordre social, Les peuples qui ont connu la domimat'on étrangère rendent responsable de tous les. mécontentemiemis Ja peuple maitre <t lui attribuent avec raison, dans la mhjorité des cas, leur misère sociale. Aussi la volonté des peuples dans la soumission de vivre en liberté renferme-t-elle l'espérance que, dans tune communauté où ils auront la liberté de décider de leur sort, leur vie sera plus heureuse et plus aisée. Ls problème ainsi conçu explique dans une large injesure la fureur nationaliste dont sont agités les peuples soumis et leur nervosité aiguë à l'idée qu'ils continueront à sub'r la domination étrangère, Cette disposition d'âme explique également l'absence de socialisme internationaliste chez les peuples monlibres. Se basant sur le droït de conquête, l’Italie) convoite des rég'onis habitées par Pécrasante majorité d’un peuple étranger qui, durant sa longue vie de misérable esclave, a créé la forme la plus haute de natonalisme, accentué par un vil mécontentement social. L'Italie veut prendre Fiumæ

parce qu'elle prétend que. Fiume yougo-

slave ruinerait Trieste italienne. [’Itaïie cenvoite également la Daïmat'e ct les îles,

| alléguant la nécessité de fortes barrières

stralégiques pour défendre le monde contre de nouvvelles ruées des Gerimains. Enfin, Italie a encore quelques arguments en dépôt, d'elle lire suivant les besoins de l'heure, put

Supposons que l'Italie soit en mksure de convaincre de son droit les auteurs du monde futur qui s'ègent à Paris, et qu’elle entre en possession d°s provinces et villes convoiléqs. Eille acquerraüt de ce fait une très forte population yougtsiave hompogène et au plus haut degré nationalement éveillée, en même temps qui socialement mécontente.

Supposons encore que l'Italie parvienne, au moyen de la force, à juguler le nationalisme du peuple subjugué et à créer un ordre politique plus ou moins stab'e. Il resterait à élucider la quest on de savoir comment J'Ilalie réuss rat à apporter une amélioration sociale si nécessaire J4 où le

mient à la domination étrangère.

On sait que les provinces que lItalie convoïte, la Dalmäatie et lIsftrie, vivaient dans la plus grande misère sous la domina‘on autrichienne et quelles constituaient une partie énorme du cont mgent des ém:granis en Amérique du Nord et du Sud. Les causes en étaïent, d’une part, la pauvreté du sol, et d’autre pait, le manque de communications, ainsi que la désastreuse politique commerciale de Vienne C:s provinces ont à peu près les mêmes produits que l'Italie. Pour is'assurer le marché itakien pour certains de ces articles, l’Autriche sacrifiait la production de ces provinces en la'ssant l’entrée libre aux produits italiens identiques. Les prod'bs de ces provinces éta'ent incapab'es de scutenir la concurrence italienne. Les produits italiens, moins chers à cause de la fertiité plus g'ande du sol ita'ien, et surtout à cause des meilleurs moyens de communications de lItalie, délogèrent du marché les produils des provinces em quest'on, amenèrent la ruime dans ces provinces, dont les fls prenaien! la route de Pexil et ressentaient en même tmps tune haine üinextinguible contre loppresseur. L’Ilalie a donc ruiné üindireclemkent le paysan yougoslave de la Daïmate et de VIstrie, déjà du temps où ceux ci subissaïent la domination autri hi nne. Qu’urriverait-il si les frontières n’existaient p us entre Italie et ces provinces? Le producteur de ces pays sera't ruiné plus encore si poss ble et serait obligé, au bien de partager le sort des misérables hères de Ylialie méridiona:e, ou bien de s'expat.ier volontairement.

Tel est le prob'ème qui 5e pose à l'Italie conquérante et impériaiste.

Il resterait encore à se demand r comment ces déshérités supporteraient la misère nouvelle, p'us no:re que l’ancienn’, que leur jmjposerait le nouveau maître,

Ces hommes-là verraïent de l'autre côté des frontières leurs frères de race vivant sous un régie de liberté polilique, en niême temps que p'ograssant Ccorom'quement. Dans tout le pays des Serbes. Croates et Slovènes, les produits de la Damatianon occupée auront, en effet, wi écoulement assuré, d'autant plus qu'is joutront#

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